dimanche 25 décembre 2011

401


samedi 24 décembre 2011

400



« Lorsque vous penserez au monde, donnez-lui de ma part un coup de fouet de plus. J’ai toujours haï toutes les nations, les professions, les communautés, et je porte tout mon amour vers les individus. Par exemple, je hais la tribu des hommes de loi, mais j’aime le conseiller untel, le juge untel, et de même avec les médecins (je ne parlerai pas de mon propre commerce), les militaires, les Anglais, les Écossais, les Français, et le reste, mais par-dessus tout je hais et je déteste cet animal appelé homme, quoique j’aime chaleureusement Jean, Pierre, Thomas, et ainsi de suite. Tel est le système par lequel j’ai gouverné ma vie pendant des années (mais n’en dites rien), et je continuerai ainsi jusqu’à en avoir fini avec eux. »

vendredi 23 décembre 2011

399



« Ceux du Dehors ne demandent qu'à vivre en paix avec les hommes avec qui ils souhaitent entretenir des relations intellectuelles de plus en plus développées. L'établissement de ces relations est devenu absolument nécessaire maintenant que nos inventions et appareils accroissent le champ de nos connaissances, empêchant ainsi Ceux du Dehors de maintenir secrètement leurs avant poste sur notre planète. Ces étrangers veulent mieux connaitre l'humanité, et désirent que les principaux savants du globe terrestre apprennent à mieux les connaitre. Une fois cet échange établi, tous les dangers disparaitront et il sera possible d'instaurer un modus vivendi satisfaisant. Il est parfaitement ridicule de croire qu'ils puissent tenter de nous asservir ou de nous dégrader. »

jeudi 22 décembre 2011

398



« Les enfants ne sont jamais trop délicats pour qu’on les fouette. Comme ces biftecks un peu fermes, plus on les bat plus ils sont tendres. »

mercredi 21 décembre 2011

397



« Je ne crois pas inutile de démontrer à ceux qui ne sont pas complètement stupides, non point que la tyrannie est un gouvernement exécrable et vicieux par nature, puisqu’ils prétendent le savoir déjà, mais que l’espèce de gouvernement dans lequel ils vivent et qu’ils savourent sous le doux nom de monarchie, n’est autre qu’une pure et simple tyrannie, accommodée au goût du jour. »

mardi 20 décembre 2011

396

 

« Une putain ne semblerait pas être putain, si elle n’était coquine, par grâce et privilège ; une putain qui n’aurait pas toutes les qualités de la putain serait une cuisine sans cuisinier, un repas sans boire, une lampe sans huile, un macaroni sans fromage. »  


lundi 19 décembre 2011

395


« Comme le dit Shakespeare dans le sonnet 144 et comme le réaffirme Joséphine Baker dans sa célèbre chanson, chacun de nous a ‘deux amours’. Et toutes les deux sincères. L’un officiel, sacré, conjugal, légitime, avouable et conformiste ; l’autre secret, peccamineux, adultérin, illégitime, clandestin et scandaleux. Louis XV, par exemple, avait pour maîtresse la belle, intellectuelle et élégante Pompadour, cependant il aimait aussi les jeunes pouilleuses qu’on lui amenait au Parc aux Cerfs. Je fais moi aussi partie de cette illustre cohorte. Dans un petit appartement de banlieue j’ai une femme entretenue, une petite couturière, dont tout le monde dit qu’elle est laide, qui se contente d’une petite voiture, d’un manteau de lapin et d’un zircon. Mon amour clandestin, c’est Mesure pour mesure. »

dimanche 18 décembre 2011

394



« — Que fais-tu ici, mon garçon ? s'enquit une voix familière.
Je me redressai aussitôt, pour constater que la grande silhouette sombre qui avait émergé de derrière le bloc de glace ne s'adressait pas à moi. L'homme souriait à Jurt de la tête.
—De la figuration dans une histoire de fou, répondit le spectre de mon demi-frère. »

samedi 17 décembre 2011

393



« Tu vois, Roger, que contrairement à ce que tu croyais, nous ne sommes ni irresponsables ni dépourvus de sens pratique ; nous ne projetons pas de jouer Die Walkürie devant une colonie de polypes flottantes ou que sais-je encore. »

vendredi 16 décembre 2011

392



“Puisque tu es mort, je fais prophétie : / Douleur sera d’Amour la suivante. / À son service il aura Jalousie, / Se suivront doux débuts et fins navrantes ; / Toujours pris entre des hauts et des bas, / Il sera plus de tourments que de joie.”

jeudi 15 décembre 2011

391




“ L’homme est un animal : cette proposition est vraie, pour tous les individus corrompus de l’espèce humaine.”


mercredi 14 décembre 2011

390



« L’économie a pris un caractère philanthropique ; elle a déclaré que le commerce est un lien d’amitié et d’union entre les nations comme entre les individus. Tout n’est que noblesse et générosité. Mais ses présuppositions n’ont pas tardé à prévaloir de nouveau. Elles suscitèrent le système des fabriques et l’esclavage moderne, qui, pour la cruauté et pour l’inhumanité n’a rien à envier à l’esclavage antique. La nouvelle économie, le système de la liberté du commerce, présente la même hypocrisie, la même inconséquence, la même immoralité, qui, maintenant, dans tous les domaines, s’oppose à la libre humanité. »

mardi 13 décembre 2011

389

 

« La valeur ne porte donc pas écrit sur le front ce qu’elle est. Elle fait bien plutôt de chaque produit du travail un hiéroglyphe. Ce n’est qu’avec le temps que l’homme cherche à déchiffrer le sens du hiéroglyphe, à pénétrer les secrets de l’œuvre sociale à laquelle il contribue, et la transformation des objets utiles en valeurs est un produit de la société, tout aussi bien que le langage. »  

lundi 12 décembre 2011

388



« Malgré la réserve et la modestie de mes exercices amoureux comme de mon langage, mes scrupules de moraliste ne vont pas jusqu’à m’interdire de baiser une mère sur sa fille et de déflorer ensuite la fille sur la mère. »

dimanche 11 décembre 2011

387



« Je suis fouteur voilà ma gloire
Mon espérance est dans ma main
Je suis le plus grand fouteur de l’Histoire
Je décharge sur ton chien »

samedi 10 décembre 2011

386




« De quoi t’occupes-tu exactement ? — De la réification. — Je vois c’est un travail très sérieux avec de gros livres et beaucoup de papiers sur une grande table. — Non, je me promène. Principalement, je me promène. »

vendredi 9 décembre 2011

385



« J'ai envie de dire que c'est elle qui me vit, me meurt, se sert de moi, me façonne, m'abandonne, me reprend, me roule. Je l'oublie, je me souviens d'elle, j'ai confiance en elle, elle se fraye un chemin à travers moi. Je suis moi quand elle est moi. Elle m'enveloppe, me quitte, me conseille, s'abstient, s'absente, me rejoint. Je suis un poisson dans son eau, un prénom dans son nom multiple. »

jeudi 8 décembre 2011

384



雪は私たちを少年らしい気持ちにさせる。まして私は年を越してもまだ十八歳なのである。私が少年らしい躍動を身内に感じていたとしても、それが嘘になろうか?
雪に包まれた金閣の美しさは、比べるものがなかった。この吹き抜けの建築は、雪のなかに、雪が吹き入るのに委せたまま、細身の柱を林立させて、すがすがしい素肌で立っていた。


« La neige donne à tous une humeur juvénile. Et puisque j'allais, moi, sur mes dix -huit ans , pourquoi serait-il inexact d'affirmer que je ressentis alors en moi une sorte d'exceptionnelle et juvénile exaltation ?
Sous sa housse de neige, le Pavillon d'Or était d'une incomparable beauté. Avec ses baies grandes ouvertes qui laissaient entrer les bourrasques, ses fins piliers alignés côte à côte, il avait, dans sa nudité même, quelque chose de tonique et de purifiant. »

mercredi 7 décembre 2011

383




« Alors la réalité ne se fausse pas en mensonge : elle s'accomplit dans l'espace, étrange et merveilleux, de la fable. C'est en ce sens qu'Anna Song est et a toujours été vraie. »

mardi 6 décembre 2011

382



« De loin en loin, il arrive qu'on rencontre des parents qui adoptent l'attitude opposée et ne manifestent pas le moindre intérêt pour leurs enfants. Ceux-là sont, à coup sûr, bien pires que les admirateurs béats. »

lundi 5 décembre 2011

381



« On croit que, lorsqu'une chose finit, une autre recommence tout de suite.
Non. Entre les deux, c'est la pagaille. »

dimanche 4 décembre 2011

380



« C'est comme ça qu'on disparaît au vingt et unième siècle, on refuse simplement d'y participer. »

samedi 3 décembre 2011

379



« Voilà bien longtemps, à Coldhaven, petit port de pêche sur la côte est de l’Écosse, les gens s’éveillèrent un matin dans l’obscurité de la mi-décembre pour découvrir non seulement que leurs maisons étaient ensevelies sous une couche de neige épaisse et irréelle comme il ne s’en voit qu’une ou deux fois par génération, mais aussi qu’une chose étrange s’était produite pendant leur sommeil... »

vendredi 2 décembre 2011

378



« S'il existe une vie après la mort, pour moi ce sera les limbes, l'unique vraiment belle invention catholique : un no man's land de mystère et de musique pénétrante, sans le moindre individu auquel être comparé - ceux-là seront tous au ciel -, rien que d'intéressants inclassables, les non-baptisés, les païens, les sceptiques irréprochables que Dieu ne peut se résoudre à envoyer en Enfer. »

jeudi 1 décembre 2011

377



« Chaque année, c’est une surprise. Les feuilles s’embrasent, pour un temps, de cramoisi et beurre frais, le ciel glisse, au petit matin, des verts mouillés de la fin d’été à des anthracite feutrés et, parfois, un gris perle miraculeux. Tout s’illumine avant de se consumer, de même qu’un mourant connaît soudain un regain d’espoir, quelques heures avant qu’on ne l’allonge afin de le laver et l’apprêter pour la dernière fois dans une pièce fraîche. J’ai été élevé dans l’idée, davantage que la croyance, que les morts pouvaient revenir au soir d’Halloween ; ou, plutôt que les morts, leurs âmes : que ce soit sous forme de bribes distinctes, ou bien d’un agrégat compact de conscience déclinante, c’était sans importance. Tout ce que je savais, c’est que l’âme était là, sous l’un de ses nombreux dehors : fantôme ou revenant, souffle de vent, illusion de lueur ou de flamme, ou simplement souvenir inexplicable, instantané classé dans les resserres de mon imagerie personnelle, image que je ne savais même pas en ma possession jusqu’à cet instant. »