mercredi 31 août 2011

285



« Je crois que tout le monde a un jour trop gonflé de ballons dans sa vie. »

mardi 30 août 2011

284



« Voici les récits que racontent les Chiens quand le feu brûle clair dans l'âtre et que le vent souffle du nord. La famille alors fait cercle autour du feu, les jeunes chiots écoutent sans mot dire et, quand l'histoire est finie, posent maintes questions :
« Qu'est-ce que c'est que l'Homme ? » demandent-ils.
Ou bien : « Qu'est-ce que c'est une cité ? »
Ou encore : « Qu'est-ce que c'est que la guerre ? »
On ne peut donner à ces questions de réponse catégorique. Les hypothèses ne manquent pas, les théories, ni les suppositions les mieux fondées, mais rien de tout cela ne constitue véritablement une réponse. »

lundi 29 août 2011

283



« Here are discussed by courtesans the things which are supposed to be profoundest secrets of the India Council; and here gather all the sub-sub-agents of Half the Native States. Here, too, Mahbub Ali rented a room, much more securely locked than his bulkhead at Lahore, in the house of a Mohamemedan cattle-dealer. It was a place of miracles, too, for there went in at twilight a Mahommedan horse-boy, and there came out an hour later a Eurasian lad - the Lucknow girl's dye was of the best - in badly fitting shop-clothes. »

dimanche 28 août 2011

282




« é 

-coute 
 

tu vois c’que j’veux dire quand 

le premier gars tombe tu sais 

tout le monde se sent mal ou 

quand ils envoient des gaz 

et les oh chérie shrapnels 

ou mes pieds engourdis qui gèlent ou 

jusqu’à ton tu sais dans la flotte ou 

avec les punaises qui te grimpent 

tout partout sur toi moi tous ceux 

qu’y ont été savent bien c’que 

j’veux dire c’est qu’un sacré tas 

de gens ils savent pas et jamais 

jamais 

ils sauront,  

parce qu’ils veulent pas 
 


ça 

voir »

samedi 27 août 2011

281




« Les grues sont des âmes qui furent autrefois humaines et pourraient le redevenir, d'ici plusieurs vies. Ou peut-être les humains sont-ils des âmes qui furent autrefois des grues, et le redeviendront, quand elles auront rejoint la volée.
Les grues portent en elles une chose restée captive, à mi-chemin entre maintenant et alors. »

vendredi 26 août 2011

280



« may i feel said he
(i'll squeal said she
just once said he)
it's fun said she

(may i touch said he
how much said she
a lot said he)
why not said she

(let's go said he
not too far said she
what's too far said he
where you are said she)

may i stay said he
(which way said she
like this said he
if you kiss said she

may i move said he
is it love said she)
if you're willing said he
(but you're killing said she

but it's life said he
but your wife said she
now said he)
ow said she

(tiptop said he
don't stop said she
oh no said he)
go slow said she

(cccome?said he
ummm said she)
you're divine!said he
(you are Mine said she) »

jeudi 25 août 2011

279




« Chagrin voleur du temps se carapate – 

Lunatique, la tombe, après ces années à caboter, 

Et le valet de douleur, lui, est en maraude, 

Et rompue, la foi qu’on a eu en la mer, qui étanchait le temps. 

Les anciens en oublient leurs épreuves, 

Ils font plier le temps sur l’heure des marées, 

Et les heures du temps sous vent debout comme jadis, 

Ils font revenir les naufragés, 

Courent mer et lumière sur une route engloutie, 

Les anciens en oublient la douleur du chagrin, 
La toux qui racle la gorge, l’albatros qu’on a pris et pendu, 

Ils revivent le bon temps de leur jeunesse 

Et, l’œil amer, s’en vont buter au lit où elle repose, 

Celle qui fit virer la haute mer à l’antan des souvenirs 

Et repose aimante pour l’éternité aux côtés du voleur. 
 


Benêt de mes aïeux, largue-moi donc cette gueule de temps d’escroc 
Qui nous tire de sa manche l’éclair de la camarde, 

Et avec sa rapine de bulles dans son baluchon miteux,  

S’en va se faufiler en douce dans la tombe de l’étalon, 

Déglingue le manant par la fente du judas, 

Et laisse dériver le double cercueil des nostalgies – 
Que sifflets d’argent ne le traquent pas tout au long de la crête 

Des jours et des jours des semaines jusqu’au jour de la mort. 

Bulles volées ont en elles des morsures de serpents 

Et des crochets bien affilés. 

Que le troisième œil n’aille pas sonder le sexe de l’arc-en-ciel 

Qui faisait pont entre les deux moitiés de l’homme. 

Tout restera tel quel, et au-dessus du golfe donnant sur la tombe 

Tout aura la forme des détrousseurs de mes aïeux. »

mercredi 24 août 2011

278



« Le chagrin voleur du temps s’éloigne en rampant,
La tombe aimantée par la lune, avec les années voguant,
Le valet de la douleur dérobe
La foi marine brisée, qui a mis le temps à genoux.
Les vieux oublient les cris, courbent le temps sur le flot
Et les heures où ils avaient le vent debout,
Rappellent les naufragés
Chevauchant la lumière de la mort sur un chemin englouti,
Les vieux oublient le chagrin,
Le râle de la toux, l’albatros qui pend,
Rappellent l’os de la jeunesse
Et, l’œil salé, trébuchent vers le lit où repose
Celle qui a soulevé la haute mer à l’époque des contes
Et continue sans fin d’enlacer le voleur.
 
Ducon, valet de mes pères, laisse à présent l’escroc à gueule de temps,
Arborant l’éclair de la mort sur la manche
Avec un butin de bulles dans un sac de semence,
Se glisser dans la tombe de l’étalon,
Faire mouche sur le paria à travers une fente châtrée
Et libérer les cercueils jumeaux du chagrin.
Qu’aucun sifflet d’argent ne le poursuive le long des pics
De chaque jour jusqu’au jour de la mort.
Ces bulles volées contiennent la morsure des serpents
Et les dents des yeux à venir.
Qu’aucun troisième œil ne sonde le sexe de l’arc-en-ciel
Qui enjambait les deux moitiés de l’homme.
Tout demeurera et, dans le golfe ouvert sur la tombe,
prendra la forme des voleurs de mes pères. »

mardi 23 août 2011

277



« Grief thief of time crawls off,
The moon-drawn grave, with the seafaring years,
The knave of pain steals off
The sea-halved faith that blew time to his knees,
The old forget the cries,
Lean time on tide and times the wind stood rough,
Call back the castaways
Riding the sea light on a sunken path,
The old forget the grief,
Hack of the cough, the hanging albatross,
Cast back the bone of youth
And salt-eyed stumble bedward where she lies
Who tossed the high tide in a time of stories
And timelessly lies loving with the thief.

Now Jack my fathers let the time-faced crook,
Death flashing from his sleeve,
With swag of bubbles in a seedy sack
Sneak down the stallion grave,
Bull's-eye the outlaw through a eunuch crack
And free the twin-boxed grief,
No silver whistles chase him down the weeks'
Dayed peaks to day to death,
These stolen bubbles have the bites of snakes
And the undead eye-teeth,
No third eye probe into a rainbow's sex
That bridged the human halves,
All shall remain and on the graveward gulf
Shape with my fathers' thieves.
»

lundi 22 août 2011

276



« Reste immobile, dors dans l’accalmie, souffrant avec la blessure
Dans la gorge, qui brûles et fais retour. Toute la nuit à flot
Sur l’océan de silence nous avons perçu le son
Qui venait de la blessure enveloppée dans le drap de sel.

Sous la lune d’un mille au-delà, nous avons tremblé écoutant
Le bruit de l’océan couler comme sang de la blessure criante
Et quand le drap de sel se rompit en un ouragan de chants
Les voix de tous les noyés nagèrent dans le vent.

Ouvre un  chemin à travers la triste lente voile,
Ouvres grandes au souffles les portes du bateau errant
Pour que commence mon voyage vers la fin de ma blessure,
Nous avons entendu le bruit de l’océan chanter, et vu le drap de sel scander.
Reste immobile, dors dans l’accalmie, cache la bouche dans la gorge
Ou nous devrons obéir, et chevaucher avec toi entre les noyés. »

dimanche 21 août 2011

275



« Lie still, sleep becalmed, sufferer with the wound
In the throat, burning and turning. All night afloat
On the silent sea we have heard the sound
That came from the wound wrapped in the salt sheet.
 
Under the mile off moon we trembled listening
To the sea sound flowing like blood from the loud wound
And when the salt sheet broke in a storm of singing
The voices of all the drowned swam on the wind.
 
Open a pathway through the slow sad sail,
Throw wide to the wind the gates of the wandering boat
For my voyage to begin to the end of my wound,
We heard the sea sound sing, we saw the salt sheet tell.
Lie still, sleep becalmed, hide the mouth in the throat,
Or we shall obey, and ride with you through the drowned. »

samedi 20 août 2011

274



« Ma faiblesse est de vouloir que ce que je dis soit vu —»

vendredi 19 août 2011

273




« C'était une fille de vingt-cinq ans, laide et visiblement sale. Son de famille, Lazare, répondait mieux à son aspect macabre que son prénom. Elle était étrange, assez ridicule même. Il était difficile d'expliquer l'intérêt que j'avais pour elle. Il fallait supposer un dérangement mental. Il en allait ainsi, tout au moins, pour ceux de mes amis que je rencontrais en Bourse.
Elle était, à ce moment, le seul être qui me fît échapper à l'abattement : elle avait à peine passé la porte du bar - sa silhouette décarcassée et noire à l'entrée, dans cet endroit voué à la chance et à la fortune, était une stupide apparition du malheur - je me levais, je la conduisais à ma table. Elle avait des vêtements noirs, mal coupés et tachés. Elle avait l'air de ne rien voir devant elle, souvent elle bousculait les tables en passant. Sans chapeau, ses cheveux courts, raides et mal peignés, lui donnaient des ailes de corbeau de chaque côté du visage. Elle avait un grand nez de juive maigre, à la chair jaunâtre, qui sortait de ces ailes sous des lunettes d'acier.
Elle mettait mal à l'aise : elle parlait lentement avec la sérénité d'un esprit étranger à tout; la maladie, la fatigue, le dénuement ou la mort ne comptaient pour rien à ses yeux. Ce qu'elle supposait d'avance, chez les autres, était l'indifférence la plus calme. Elle exerçait une fascination, tant par sa lucidité que par sa pensée d'hallucinée. Je lui remettais l'argent nécessaire à l'impression d'une minuscule revue mensuelle à laquelle elle attachait beaucoup d'importance. Elle y défendait les principes d'un communisme bien différent du communisme officiel de Moscou. Le plus souvent, je pensais qu'elle était positivement folle, que c'était, de ma part, une plaisanterie malveillante de me prêter à son jeu. Je la voyais, j'imagine, parce que son agitation était aussi désaxée, aussi stérile que ma vie privée, en même temps aussi troublée. Ce qui m'intéressait le plus était l'avidité maladive qui la poussait à donner sa vie et son sang pour la cause des déshérités. Je réfléchissais : ce serait un sang pauvre de vierge sale. »

jeudi 18 août 2011

272



«Sie hat nichts Besseres zu tun als nichts
Beschäftigt mit Überleben, von der Hand in den Mund
Ein Gespenst aus der Zukunft arbeitslos
Singend in Soho! Gebettet auf Rosen! Ein Tagtraum
Vom aufrechten Gang an der Nabelschnur
Des Büchsenbiers. DER FORTSCHRITT WOHNT
IN DER KATASTROPHE; So ist doch Hoffnung
Für den Aussatz. Ein Tanz am Vormittag
Mit der Volkseele, die Kaufhallen angesteckt
Die Verworfene, nichts hat sie zu tun als Besseres


 Elle n’a rien de mieux à faire que rien 

Son boulot c’est la survie, au jour le jour 

Figure fantôme au chômage, surgie du futur 

Chantant à Soho ! Couchée sur des roses ! Un rêve diurnes
De la marche verticale au cordon ombilical 

D’une bière en boîte. LE PROGRÈS RÉSIDE 

DANS LA CATASTROPHE. Il y a donc de l’espoir 

Pour la lèpre. C’est une danse au matin 

Avec l’âme du peuple, grands magasins incendiés 

Elle, la réprouvée, n’a rien d’autre à faire que du mieux »

mercredi 17 août 2011

271



« Redevenues innocentes, puisque tu ne serais plus là pour en faire tes complices, tristes comme des lévriers sans maître, déconcertées comme des archanges à qui nul dieu ne donne plus d'ordre, tes vaines mains reposeraient sur les genoux des ténèbres. »

mardi 16 août 2011

270



« Ce premier monde estoit une forme sans forme, 

Une pile confuse, un meslange difforme, 

D’abismes un abisme, un corps mal compassé, 

Un Chaos de Chaos, un tas mal entassé : 

Où tous les elemens se logeoyent pesle-mesle : 

Où le liquide avoit avec le sec querelle, 

Le rond avec l’aigu, le froid avec le chaud, 

Le dur avec le mol, le bas avec le haut, 

L’amer avec le doux : bref durant ceste guerre 

La terre estoit au ciel et le ciel en la terre. 

La terre, l’air, le feu se tenoyent dans la mer : 

La mer, le feu, la terre estoyent logez dans l’air, 

L’air, la mer et le feu, dans la terre : et la terre 

Chez l’air, le feu, la mer. Car l’Archer du tonnerre 

Grand Mareschal de camp, n’avoit encore donné 

Quartier à chacun d’eux. Le ciel n’estoit orné 

De grands touffes de feu : les plaines esmailles 

N’espandoyent leurs odeurs : les bandes escaillees 

N’entrefendoyent les flots : des oiseaux les souspirs 

N’estoient encore portez sur l’aille des Zephirs.
Tout estoit sans beauté, sans reglement, sans flamme. »

lundi 15 août 2011

269



« Je possédais tous les attributs d'un être humain - la chair, le sang, la peau, les cheveux - , mais ma dépersonnalisation était si profonde, avait été menée si loin, que ma capacité normale à ressentir de la compassion avait été annihilée, lentement, consciencieusement effacée. Je n'étais qu'une imitation, la grossière contrefaçon d'un être humain. »