mardi 31 mai 2011

223



« Toute ma joie de vivre se tient dans cette tension et ce va-et-vient, ce jeu intérieur entre un mal que je sais depuis l’enfance être celui de tous les humains à la fois, à savoir de n’être que cela, humain dans un monde minéral, végétal, animal, divin, et une guérison dont personne ne voudrait, qui me priverait, en cas de réussite, de tout courage, de tout désir, de tout plaisir d’aller toujours au delà; en avant - et dont par intérêt bien compris depuis longtemps, je ne veux pas. »

lundi 30 mai 2011

222



« Jacqueline Cascorro, protagoniste de ce récit, a connu pendant la plus grande partie de sa vie les expériences conjugales courantes : extases, querelles, tromperies, crises et réconciliations. Tout a changé en un instant quand, en brisant avec les doigts une pince de crabe et en entendant sauter derrière elle un bouchon de champagne, elle s’est laissé gagner par une pensée qui allait revenir la hanter par intermittence et faire d’elle, à jamais, une femme aux très mauvaises idées. »

dimanche 29 mai 2011

221



« Ma sœur Emma en faisait la collection, elle avait une armoire pleine d’échos de vagues. Quand on a déménagé, que mes parents ont vendu l’épicerie, elle a tout mis à la rivière. Les gens venaient prendre des photos. Comme un long tapis clair sous l’eau tremblante, orné de mille spirales. »

samedi 28 mai 2011

220



« Il arrive alors que nous soyons très embarrassés, et que nous arrivions au bout du monde sans nous en apercevoir. Nous revenons chez nous dans un état d’autant plus déplorable qu’il nous est impossible de comprendre comment on se déchire à ce point sans mettre jamais le nez dehors. »

vendredi 27 mai 2011

219



« Quand c’est le bon sens qui vous prend par la main, nous voudrions le suivre jusqu’au bout du monde. Mais c’est difficile car cette main n’a point de paume et les doigts lui manquent. »

jeudi 26 mai 2011

218



« C’est la phase deux du chantier, on bascule en hauteur, on colonise le ciel. »

mercredi 25 mai 2011

217



« On se fait toujours des idées exagérées de ce qu’on ne connaît pas. »

mardi 24 mai 2011

216



« Le docteur à badine – dodelinant d’une jambe, c’est-à-dire de l’une un peu, un peu de l’autre, en un procès alterne d’occupation du vide – avait posé la main gauche sur la crête du mur, où il itérait à présent des claques charnues, du creux de la paume et les doigts ouverts : comme on frappe la croupe d’un cheval, en signe de flatterie ou de caresse ; la croupe en question, du ciment lissé à la truelle, avait expulsé le froid de l’ombre matinale, que la maison portait de ce côté, et s’était au décours de la journée, approprié une tiédeur comme animale : on dirait, avant peu, une chaleur de poêle. »

lundi 23 mai 2011

215



« Regardez. Grimpez une route ombreuse, sombre, semblable à un chemin, en quelque sorte per inter tenebricosum, qui vous saute dessus comme si un rideau avait été miraculeusement escamoté. Oui, la route de Vico. »

dimanche 22 mai 2011

214



« Il faut que tu saches
Tu n’es pas la première
D’autres sont venues avant toi
Qui étaient meilleures et que j’aimais
Plus que toi
Et ce n’est pas parce que pour moi tu n’es rien
Que je dis ça
Si tu avais compté
Je t’aurais dit la même chose
Et même pire
Je ne me serais pas gêné
Qu’est-ce que tu crois ? »

samedi 21 mai 2011

213



« On eut peu de perte. »

vendredi 20 mai 2011

212



« Je t'étreins et t'embrasse avec une dévotion infinie et une tendresse vorace. »

jeudi 19 mai 2011

211



« Nous avions complètement cessé de nous adresser à des inconnus : dans nos garages, pour un soir transformés en théâtre ou en galerie, il n’y avait plus que la famille et les amis. Attention : si un étranger s’était présenté pour le vernissage, la représentation, il aurait été bien reçu. » 

mercredi 18 mai 2011

210



« Et c'est une histoire qui va peut-être t'ennuyer mais tu n'es pas obligé d'écouter, elle m'a dit, parce qu'elle avait toujours su que ça se passerait comme ça. »

mardi 17 mai 2011

209



« Voici, voici, voici, et alors le gentilhomme rejoint le château de famille, et rien ne sort de sa bouche, et les exploits de la journée n’illustreront pas un autre mur de la demeure. »

lundi 16 mai 2011

208



   «  — Comment tu vas ? J’ai entendu dire que t’avais des problèmes avec ta réalité.
  
   Au niveau du contnu apparemment…
  
   Non j’sais pas parsqu’on m’a dit que là ces derniers temps t’avais du mal à t’projeter dans des trucs.
… »

dimanche 15 mai 2011

207



« Il est une ironie élémentaire qui se confond avec la connaissance et qui est, comme l’art, fille du loisir. »

samedi 14 mai 2011

206







« pas plus qu’on ne sait de quelle
espèce en couleurs sauvage
le tirage par muybridge
bichrome a des os chromés
grince en vol atterrit sur
trains de latex rouge et sous
les roues saigne un sang de rat

pigeon »

vendredi 13 mai 2011

205







« Pendant longtemps, c’est resté vide. Des années peut-être. Et quand enfin cela s’est de nouveau rempli, tu as compris que l’amour neuf que tu ressentais pour une femme aurait été impossible sans Alma. Si elle n’avait pas existé, jamais il n’y aurait eu d’espace vide, ni de besoin de le remplir. »

jeudi 12 mai 2011

204







« La face du monde a changé, je crois,
Depuis que j’entendis les pas de ton âme
Glisser doucement près de moi, comme
S’ils me dérobaient au terrible gouffre
De la mort, d’où - moi qui pensais sombrer -
Je fus rattrapée par l’amour, et appris
À nouveau la vie. La coupe du sort,
Par Dieu offerte, je la bois volontiers
Et loue sa douceur, toi à mes côtés.
Les noms des pays, des cieux ont changé
Car tu es ou tu seras, ici ou là;
Ce luth et cette chanson… aimés hier,
(Le chœur des anges le sait) ne sont plus chers
Que parce que ton nom danse en leurs paroles. »

mercredi 11 mai 2011

203







« Étrange que les bienfaiteurs de l’humanité soient des gens amusants. En Amérique du moins, c’est souvent le cas. Celui qui veut gouverner le pays doit d’abord le divertir. Durant la guerre de Sécession, les gens se plaignaient des histoires drôles de Lincoln. »

mardi 10 mai 2011

202







« Je suis étranger en pays étrange. Un paysage d’une fraîcheur étincelante s’ouvre devant moi : je veux dire le terre à terre. Mon Dieu, quel beau spectacle. »

lundi 9 mai 2011

201







« Depuis le début, je fantasme sur les pages qui vont suivre. Je n’ai pas l’impression que tu vas les trouver particulièrement stimulantes. Mais lorsque tes narines se dilateront et que ta mâchoire vibrera, tends l’oreille pour entendre mes gloussements de satisfaction – les petits reniflements et gargouillis d’une félicité presque complète. »

dimanche 8 mai 2011

200







« Qu’est-ce que je fous ici ? Vous le savez, vous ? Moi non plus. »

samedi 7 mai 2011

199



« Le public se compose des mêmes. A quelques exceptions près. La salle est toujours pleine surtout à l’heure où il apparaît sur le plateau. Maintenant c’est lui qui ouvre « La Nuit ». Son passage sur la petite scène étroite, parmi les papillons et les têtes de mort donne le signal. A partir de cet instant chacun semble enfermé dans un rêve profond. Il chante, un piano l’accompagne en sourdine. Il monte, doucement, progressivement, ce corps qui n’est plus le fruit d’un simple hasard mais le résultat d’un choix bientôt irréversible. Il n’obéit à aucun rappel. S’effondre dans sa loge, parfois en larmes. Après lui, les filles doivent se dépasser de manière surprenante. Tout paraît morne. Seule Lala parvient à rallumer un instant les corps en jouant, nue et enduite de graisse, avec le petit verrat qu’elle a dressé. »

vendredi 6 mai 2011

198







« Ce détail ne gâche en rien le charme de Raymond, le succès grandissant qu’il a auprès du public. Son numéro fait l’unanimité de tous ceux qui le regardent. Il y a longtemps que Lluga a quitté « La Nuit ». On raconte que c’est de lui qu’il a tout appris. Chaque effet de scène. On raconte aussi qu’il lui a laissé sa jarretière. Mais Raymond ne la porte jamais. »

jeudi 5 mai 2011

197







« The first language human had was gestures. There was nothing primitive about this language that flowed from people's hands, nothing we say now that couldn't be said in the endless array of movements possible with the fine bones of the fingers and wrists. The gestures were complexe and subtle, involving a delicacy of motion that has since been lost completely.
During the age of silence basic survival demanded that the hands were almost never still, and so it was only during sleep (and sometimes not even then) that people were not saying something or other. No distinction was made between the gestures of language and the gestures of life. The labor of building a house, say, or preparing a meal was no less an expression than making the sign for I love you or I feel serious. When a hand was used to shield one's face when frightened something was being said, and when fingers were used to pick up what someone else had dropped something was being said ; and even when the hands were at rest, that, too, was saying something. Naturally there were misunderstandings. There were times when a finger might have been lifted to scratch a nose, and if casual eye contac was made with one's lover just then, the lover might accidentally take it to be the gesture for Now I realize I was wrong to love you. These mistakes were heartbreaking. And yet, because people knew how easily they could happen, because they did'nt go around with the illusion that they understood perfectly the things other people said, they were used to interrupting each other to ask if they'd understood correctly. Sometimes these misunderstandings were even desirable, since they gave people a reason to say, Forgive me, I was only scratching my nose. Of course I know I've always been right to love you.
If at large gatherings or parties, or around people with whom you feel distant, your hands sometimes hang awkwardly at the ends of your arms – if you find yourself at a loss for what to do with them, overcome with sadness that comes when you recognize the foreignness of your own body – it's because your hands remember a time when the division between mind & body, brain & heart, what's inside and what's outside was so much less. Clapping, pointing, giving the thumbs-up : all artifacts of ancient gestures. Holding hands, for example, is a way to remember how it feels to say nothing together. And at nights, when it's too dark to see, we find it necessary to gesture on each other's bodies to make ourselves understood. »

mercredi 4 mai 2011

196







« L’affection que Germain portait à Juan-Manuel devenait tous les jours plus chaude, plus vivace, plus exclusive. Il s‘était habitué à sa voix, à ses attitudes ; il ne se plaisait plus qu’avec lui ; ils ne s’ennuyaient jamais ensemble. Sans qu’il se l’avouât vraiment, aucun être au monde ne l’intéressait plus. Les gens, les lieux, les coutumes de l’autre bord, il ne les distinguait plus nettement ; il avait rompu les amarres. »

mardi 3 mai 2011

195







« Rien de bien nouveau pour les actionnaires des canalisations Duchêne-Pitriot : le gamelu gagne 76,8 % à l’ouverture, tandis que l’indice de Richter passe les 3,40 sur l’échelle de Gandlu ; cependant qu’à B’zac l’indice Clarco-gisimu reste en dessous du seuil de la normale saisonnière ; baisse partout ailleurs à la hausse, y compris sur les avalousiats oligo-or du groupe Bertoli-Potir qui perd huit quatre. Sinon grande stabilité. »

lundi 2 mai 2011

194






« Once upon a time you dressed so fine
You threw the bums a dime in your prime, didn't you?
People'd call, say, "Beware doll, you're bound to fall"
You thought they were all kiddin' you
You used to laugh about
Everybody that was hangin' out
Now you don't talk so loud
Now you don't seem so proud
About having to be scrounging for your next meal.

How does it feel
How does it feel
To be without a home
Like a complete unknown
Like A Rolling Stone?

You've gone to the finest school all right, Miss Lonely
But you know you only used to get juiced in it
And nobody has ever taught you how to live on the street
And now you find out you're gonna have to get used to it
You said you'd never compromise
With the mystery tramp, but now you realize
He's not selling any alibis
As you stare into the vacuum of his eyes
And ask him do you want to make a deal?

How does it feel
How does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like A Rolling Stone?

You never turned around to see the frowns on the jugglers and the clowns
When they all come down and did tricks for you
You never understood that it ain't no good
You shouldn't let other people get your kicks for you
You used to ride on the chrome horse with your diplomat
Who carried on his shoulder a Siamese cat
Ain't it hard when you discover that
He really wasn't where it's at
After he took from you everything he could steal.

How does it feel
How does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like A Rolling Stone?

Princess on the steeple and all the pretty people
They're drinkin', thinkin' that they got it made
Exchanging all kinds of precious gifts and things
But you'd better lift your diamond ring, you'd better pawn it babe
You used to be so amused
At Napoleon in rags and the language that he used
Go to him now, he calls you, you can't refuse
When you got nothing, you got nothing to lose
You're invisible now, you got no secrets to conceal.

How does it feel
How does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like A Rolling Stone?
»

dimanche 1 mai 2011

193


« Pensez-vous que si vous attrapiez Buffalo Bill, vous et pas les autres, et si Catherine s'en tirait saine et sauve, les agneaux cesseraient de pleurer, pensez-vous qu'eux aussi seraient sauvés et que vous ne vous réveilleriez plus dans le noir en entendant les agneaux bêler ? Clarice ? »