samedi 7 mai 2011

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« Le public se compose des mêmes. A quelques exceptions près. La salle est toujours pleine surtout à l’heure où il apparaît sur le plateau. Maintenant c’est lui qui ouvre « La Nuit ». Son passage sur la petite scène étroite, parmi les papillons et les têtes de mort donne le signal. A partir de cet instant chacun semble enfermé dans un rêve profond. Il chante, un piano l’accompagne en sourdine. Il monte, doucement, progressivement, ce corps qui n’est plus le fruit d’un simple hasard mais le résultat d’un choix bientôt irréversible. Il n’obéit à aucun rappel. S’effondre dans sa loge, parfois en larmes. Après lui, les filles doivent se dépasser de manière surprenante. Tout paraît morne. Seule Lala parvient à rallumer un instant les corps en jouant, nue et enduite de graisse, avec le petit verrat qu’elle a dressé. »