lundi 28 février 2011

131



« Être vieux, ça me rend dingue. Être américain, ça rend dingue. Mais à part ça, tout va bien. »

dimanche 27 février 2011

130



« — Capito. Hem, c’est subtil ; et pas drôle, en effet. Mais ça ne fait rien : je reste persuadé qu’elle m’a dit la vérité. Je l’avais sauvée. Elle a dormi longtemps. Cette gueuse de servante a frappé à la porte, n’a pas eu de réponse, est entrée par curiosité, a vu l’argent, et le billet où il était question d’argent . »

samedi 26 février 2011

129



« Gaëtan, j’ai trouvé une explication à votre histoire de Birmingham. Quelque chose d’effrayant…
   Oh, dites !
— Eh bien : supposez que cette fille ait eu en réalité derrière elle cinq ou six mois de … mala vita, et de whisky. Qu’elle soit tombée exactement comme elle vous l’a dit, à son arrivée de Nouvelle Zélande, mais six mois avant, et qu’elle vous ait donné, pour ainsi dire, une seconde représentation de sa chute, cette fois-ci avec les paroles, tous les sentiments exprimés enfin clairement au milieu de hoquets et de ces bribes d’hymnes et de prières que l’ivresse faisait remonter dans sa mémoire ? »

vendredi 25 février 2011

128




« Le marquis craignait de m’avoir paru sentimental, hier soir, dans son récit chaste ; et il m’a fait un grand étalage de cynisme allant jusqu’à dire que le spectacle de la misère était un des piments de sa vie. J’ai renchéri sur lui, avec la même hypocrisie un peu énervée :
O volupté d’être cruel envers les pauvres…
Oui, je sens en moi ce fond de cruauté ; je le domine, je le dédaigne mais il est là, à côté de pitiés presque indécentes, étroitement apparenté à ces pitiés. »

jeudi 24 février 2011

127



« Retenons qu’après cent ans de sommeil, la belle au bois dormant ne constitue pas un plat de premier choix. »

mercredi 23 février 2011

126



« Au fond de ma valise, j’ai placé quatre livres, un Faust relié pleine toile, le Zarathoustra, un mince recueil de Weinheber et l’anthologie Huit siècles de poésie. Pas de romans : ils ne servent qu’une fois, on ne les relit jamais. »

mardi 22 février 2011

125



« Au milieu de toutes ces pensées confuses, ils arrivèrent au port ; et, choisissant parmi les embarcations mouillées dans le bassin avoisinant un attrayant bateau qui s’en allait voguer pendant une demi-heure, parmi la vaste magnificence de cette baie glorieuse, ils glissèrent bientôt rapidement sur les eaux. »

lundi 21 février 2011

124



« Adolescent, je croyais que La Vie mode d’emploi m’aiderait à vivre, et Suicide mode d’emploi à mourir. »

dimanche 20 février 2011

123




« — Vous cachez vous de moi ? J’ai laissé des messages écrits et téléphoniques.
— Mais non, Jack, je ne me cache ni de vous ni de personne en particulier.
— Pourquoi est-ce si difficile de vous trouver ?
—N’est-ce pas précisément une des caractéristiques du XXème siècle ?
— Que voulez-vous dire ?
— Les gens se cachent même si personne ne les cherche.
— Pensez-vous que cela soit vrai ?
— Bien sûr, dit-elle. »

samedi 19 février 2011

122



« Mais la rouerie de Diane est de ne point achever tout à fait la métamorphose, de lui laisser encore quelque partie de sa personne : les jambes, le torse, la tête d’Actéon ne sont que du cerf ; mais tandis que son bras droit aussi n’est que jambe velue, et sa main plus que pied fourchu, il garde intact le bras et la main gauches, et il y a dans cette lacune une hésitation de la déesse, et comme un défi (…) »

vendredi 18 février 2011

121



« Je touche presque à la fin d’un voyage autour du monde, à la recherche de cadavres. Un itinéraire de ruines et de nécropoles. Au lieu de m’arrêter dans les cités vivantes, habitées par des vivants, je suis allé en pèlerinage dans toutes les cités mortes, peuplées par des ombres. » 

jeudi 17 février 2011

120



« La lune, crâne de Mongol chauve, se rapprochait en douce. (Le seul intérêt des discussions : les idées qui vous viennent après coup.) »

mercredi 16 février 2011

119




« Autrefois c’était sa ville, l’endroit où il accomplissait ses hauts faits, où il projetait ses exploits, où sa femme l’aimait sans réserve et où la moindre phrase prononcée sonnait comme une réplique parfaite. »

mardi 15 février 2011

118







« c’est à eux qu’on fait face, vers eux qu’on se tourne, à leurs yeux qu’on présente la princesse dans sa robe de fête. »

lundi 14 février 2011

117







« Hier aussi Marguerite Duras, à travers les dernières pages de C’est tout, me rappela Bolaño : « Ça y est. Je suis morte. C’est fini. » Puis, après une courte pause : « Ce soir on va manger quelque chose de très fort. Un plat chinois par exemple. Un plat de la Chine détruite. » À la relecture de ces paroles de Duras, je compris que pour elle la Chine détruite signifiait son enfance totalement ravagée, dévastée, aussi dévastée que la vie de Bolaño. Le thème essentiel de la mort, associé à l’idée d’ingérer quelque chose de fort, me fit penser à nouveau à cet écrivain chilien disparu à Barcelone, à ce calligraphe du sommeil qui a laissé à ses lecteurs une littérature pure et dure, une œuvre de création sérieuse et sans demi-mesures, un plat fort de la Chine détruite. »

dimanche 13 février 2011

116



« J'ai longé le couloir, les appliques clignotant sur mon passage, et je suis entré dans la chambre à coucher, refermant la porte derrière moi, et puis je m'y suis appuyé, et pendant un bref instant horrible je n'ai plus eu la moindre idée de qui j'étais et où j'étais et comment j'avais atterri à Elsinore Lane, et j'ai fouillé les poches de ma veste pour trouver le tube de Xanax qui s'y trouvait toujours etj'en ai avalé deux, et puis, avec beaucoup de précautions et de façon très décidée, j'ai commencé à me déshabiller. J'ai passé une robe de chambre sur le caleçon et le tee-shirt que je portais et je suis entré dans ma salle de bains et j'ai refermé la porte et je me suis mis à pleurer à cause de ce que m'avait dit Robby. »

samedi 12 février 2011

115



« est-il possible qu’ on ne sache rien sur les jeunes filles, qui cependant existent ? (…) Oui, c’est possible. »

vendredi 11 février 2011

114

« vous croyez être
mais tout change
sans cesse
autour de vous
et vous comprenez que
rien ne se passe
ici »

jeudi 10 février 2011

113



« Il ne faut pas réveiller le chat qui dort, donc si je reste bien silencieux, immobile, rien ne m’arrivera, strictement rien. Mais qui sait si le chat n’est pas un meilleur compagnon éveillé qu’endormi ? Impossible d’écarter cette question d’un revers de volonté, elle surnage. Voici que l’amour ouvre l’appétit, la jeunesse est un chat insomniaque. »

mercredi 9 février 2011

112



« Hasard ou destin, la réponse n’est pas simple. »

mardi 8 février 2011

111



« J'ai rêvé d'autres accidents susceptibles d'augmenter ce catalogue de déchirures. J'y intégrais un plus grand nombre d'éléments provenant de la construction automobile. Je les reliais à la technologie toujours plus complexe de l'avenir. Quelles blessures révéleraient les dimensions sexuelles du travail invisible accompli dans les chambres de réaction thermonucléaires ? Celles des salles de contrôle dallées de blanc ? Celles des scénarios énigmatiques élaborés dans les circuits d'ordinateurs ? Tout en étreignant Gabrielle, j'imaginais, ainsi que Vaughan me l'avait enseigné, les accidents qui pourraient impliquer les grands de ce monde. Je me représentais les blessures qui se prêteraient à l'élaboration de fantasmes érotiques, les coïts surprenants qui glorifieraient le contenu sexuel d'une technologie encore impensable. » 

lundi 7 février 2011

110



« Je suis préparée pour la vitesse, profilée vitesse, je suis à l’avant, elle chante, je suis une fée romantique, en avant, je suis électrique, mes neurones connectent à toute vitesse des éléments disjoints, je te parle à la vitesse du son, je me guide en te parlant, le va-et-vient des paroles me renseigne en permanence sur ma position, je suis préparée pour la vitesse, profilée vitesse, je suis à l’avant, comme un bouchon de radiateur en plein vent, corps huilé, épaules de nageuse au centre du lac noir de tout ce qu’il y a à dire, lac zébré de milliers de pensées éclairs, je glisse, je parle, j’avance. »

dimanche 6 février 2011

109



« on ne va pas plus loin »

samedi 5 février 2011

108



« on se moque de nous »

vendredi 4 février 2011

107



"I was so young my first memory
is of a tent spread to feed lobsters
to Rexall conventioneers, and my father,
a man for kicks, came out of the tent roaring
with a bread-knife in his teeth to take care of
the druggist they’d told him had made a pass at
my mother, she laughing, so sure, as round
as her face, Hines pink and apple,
under one of those frame hats women then."

jeudi 3 février 2011

106



« Je me torchay après (dist Gargantua) d'un couvre chief, d'un aureiller, d'ugne pantophle, d'ugne gibbessiere, d'un panier - mais ô le mal plaisant torchecul ! - puis d'un chappeau. Et notez que des chappeaulx, les uns sont ras, les aultres à poil, les aultres veloutez, les aultres taffetassez, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est celluy de poil, car il faict très bonne abstersion de la matiere fecale.
"Puis me torchay d'une poulle, d'un coq, d'un poulet, de la peau d'un veau, d'un lievre, d'un pigeon, d'un cormoran, d'un sac d'advocat, d'une barbute, d'une coyphe, d'un leurre.
"Mais, concluent, je dys et mantiens qu'il n'y a tel torchecul que d'un oyzon bien duveté, pourveu qu'on luy tienne la teste entre les jambes. Et m'en croyez sus mon honneur. Car vous sentez au trou du cul une volupté. »

mercredi 2 février 2011

105



« Les fragments de vie vraie ne se trouvent que chez les veuves joyeuses honteuses mais indomptables. »

mardi 1 février 2011

104



« Ce qui est drôlement pratique, pour l’école, ce sont les excuses. »