lundi 14 février 2011

117







« Hier aussi Marguerite Duras, à travers les dernières pages de C’est tout, me rappela Bolaño : « Ça y est. Je suis morte. C’est fini. » Puis, après une courte pause : « Ce soir on va manger quelque chose de très fort. Un plat chinois par exemple. Un plat de la Chine détruite. » À la relecture de ces paroles de Duras, je compris que pour elle la Chine détruite signifiait son enfance totalement ravagée, dévastée, aussi dévastée que la vie de Bolaño. Le thème essentiel de la mort, associé à l’idée d’ingérer quelque chose de fort, me fit penser à nouveau à cet écrivain chilien disparu à Barcelone, à ce calligraphe du sommeil qui a laissé à ses lecteurs une littérature pure et dure, une œuvre de création sérieuse et sans demi-mesures, un plat fort de la Chine détruite. »