samedi 30 avril 2011

192


« Des villes que l’on ne vit jamais. Pour l’étoile
— Au ciel et ici-bas — qui montra le chemin
Que l’on ne sut pas suivre. — Esmeralda ! son voile !
Son pas ! le rythme effréné de ses tambourins »

vendredi 29 avril 2011

191



« En tant qu’homme marié, je devais gagner ma vie. Je n’avais jamais envisagé l’écriture comme un travail, juste une chose difficile à réaliser. »

jeudi 28 avril 2011

190



« Tonnerre de cul et de catacombes... »

mercredi 27 avril 2011

189



« Il était surtout (à cette époque) pétri d’oiseaux et de mouches ; il contenait autant d’oiseaux et de mouches que de feuilles. il était constamment charrué et bouleversé de corneilles, de corbeaux et d’essaims ; il éclaboussait à chaque instant des vols de rossignols et de mésanges ; il fumait de bergeronnettes et d’abeilles ; il soufflait des faucons et des taons ; il jonglait avec des balles multicolores de pinsons, de roitelets, de rouges-gorges, de pluviers et de guêpes. C’était autour de lui une ronde sans fin d’oiseaux, de papillons et de mouches dans lesquels le soleil avait l’air de se décomposer en arcs-en-ciel comme à travers des jaillissements d’embruns. Et, à l’automne, avec ses longs poils cramoisis, ses milles bras entrelacés de serpents verts, ses cent mille mains de feuillages d’or jouant avec des pompons de plumes, des lanières d’oiseaux, des poussières de cristal, il n’était vraiment pas un arbre. »

mardi 26 avril 2011

188



« Deglubit, fellat, molitur per utranique cavernam ;
Ne quid inexpertum frustra moritura relinquat »

lundi 25 avril 2011

187



« On se promène ; on est très attentif ; on va. C’est émouvant jusqu’à défaillir. On passe, on se promène, on va et on avance. Les murs – c’est de l’herbe et de la terre – ont des petites brèches. Là encore, on passe, on découvre. On devient Dante, on devient Pétrarque, on devient Virgile, on devient fantôme. »

dimanche 24 avril 2011

186



« Quelquefois dans un vertige, ils démontaient complètement le cadavre, puis se trouvaient embarrassés pour remettre en place les morceaux. »

samedi 23 avril 2011

185



« Analyser le monde, l'expliquer, le mépriser, cela peut être l'affaire des grands penseurs. Mais pour moi il n'y a qu'une chose qui importe, c'est de pouvoir l'aimer, de ne pas le mépriser, de ne le point haïr tout en ne me haïssant pas moi-même, de pouvoir unir dans mon amour, dans mon admiration et dans mon respect, tous les êtres de la terre sans m'en exclure. »

vendredi 22 avril 2011

184



« Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience? »

jeudi 21 avril 2011

183



« L'espace noir est l'espace d'après le feu, l'espace noir est l'espace d'après la captivité et le feu. Que les souvenirs soient douloureux ou non, l'espace noir est l'espace d'après la douleur. On écoute ce qui reste dans la poussière après la douleur et la bouche produit du souffle, du bruit et du silence. Que l'image soit dite à plusieurs voix ou à une voix, qu'on entende plusieurs souffles ou un seul, qu'on accompagne un personnage de l'histoire ou plusieurs, la solitude est immense. »

mercredi 20 avril 2011

182



« Il m'est spécialement agréable d'étendre ma gratitude à Pranda Tourmararana, qui non seulement m'a aidé à monter sur l'éléphant personnel du sultan Labibi, mais, voyant que nous nous dirigeons vers une impasse m'a aidé à descendre. Cet épisode se retrouve, presque conforme à la réalité, dans "Goodbye, Romeo". Sans Prada Tourmararana, il serait manifestement très mal terminé. »

mardi 19 avril 2011

181



« — Pourquoi parlais-tu du bal ? demanda Dima. –Je l’ai survolé tout à l’heure. J’y ai même atterri. J’y suis resté quelques instants. C’est très bizarre, on a l’impression qu’ils sont aussi morts que des statues de plâtre. Ça me rappelait un jouet : deux ours en bois avec des petits marteaux, de part et d’autre d’une enclume. Si tu fais bouger une barre de bois, les deux ours se mettent à frapper l’enclume. – Je connais. – Eh bien, c’était la même chose. Tout le monde dansait, riait et se parlait, mais si tu regardes sous eux, tu vois bouger les barres qui les animent. »

lundi 18 avril 2011

180



« La pluye nous a débuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noirciz:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ca, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A luy n'avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre! »

dimanche 17 avril 2011

179



« Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurciz,
Car, ce pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez ci, attachés cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéca devorée et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie:
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir desdain, quoy que fusmes occiz
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas le sens rassiz;
Excusez nous, puis que sommes transsis,
Envers le filz de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre
Nous sommes mors, ame ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
 »

samedi 16 avril 2011

178




« Je m’effondre sur le lit, j’allume le Nintendo, m’empare du boîtier de contrôle et commence une partie de Super Mario Bros.
   Damien dit que Julia Roberts vient et Sandra Bullock aussi, dit Alison, l’air absent. Laura Leighton et Halle Berry et Dalton James — elle tire une taffe du joint et me le passe — j’ai vu Elle MacPherson au défilé Anna Sui et elle a dit qu’elle serait là pour le dîner — Elle feuillette Detour avec Robert Downey Junior en couverture, les jambes écartées, photo bien cadrée sur l’entre-jambe  — Oh, et Scott Wolf aussi.
— Chut, je joue. Yoshi a avalé quatre pièces d’or et il essaie de trouver la cinquième. Il faut que je me concentre. »

vendredi 15 avril 2011

177




« I concluded with an aching finality that the could-happen possibilities were gone, that doing whatever you wanted whenever you wanted was over. The future didn't exist anymore. Everything was in the past and would stay there. And I assumed - since I was  the most recent addition to this group and had not yet let myself be fully initiated into its ritual and habits - that I was the loner, the outsider, the one whose solitude seemed endless. »

jeudi 14 avril 2011

176



« Avec nos cheveux aplatis sur nos têtes par un long peigne arrondi, et nos nattes repliées et enfermées dans une résille noire, vous n’imaginez pas comme nos visages apparaissaient durs. Et nous étions en effet dures les unes pour les autres, et malheureuses. Moi, du moins, j’étais malheureuse dans cette pension de province. »

mercredi 13 avril 2011

175



CHANSON DE NANNA
1
Au marché de l’amour, messieurs,
A seize ans je fus menée.
Et j’ai vite ouvert de grands yeux !
C’était dur, ma foi
Mais c’était la loi...
Tout n’est pas facile à pardonner.
(Je suis un être humain après tout)
Dieu merci, tout ça ne dure qu’un temps,
Même l’amour, et même le chagrin.
Où sont donc les larmes d’hier matin ?
Mais où sont les neiges d’antan ?

2
 A la longue, on s’accoutume
A ce marché de l’amour.
Sans grand mal, on les allume.
Mais les sentiments
Jetés à tous vents
Deviennent plus froids de jour en jour.
(Aucune réserve n’est inépuisable après tout.)
Dieu merci, tout ça ne dure qu’un temps,
Même l’amour, et même le chagrin.
Où sont donc les larmes d’hier matin ?
Mais où sont les neiges d’antan ?

3
Quand, dans ce commerce,
On n’a plus rien à apprendre
L’argent ne pleut pas à verse.
Il faut le gagner,
Et sans rechigner...
On peut dire adieu à l’âge tendre.
(On n’a pas toujours seize ans, après tout.)
Dieu merci, tout ça ne dure qu’un temps,
Même l’amour, et même le chagrin.
Où sont donc les larmes d’hier matin ?
Mais où sont les neiges d’antan ?

mardi 12 avril 2011

174



« Je veux profiter de cette occasion pour donner quelques informations sur les mœurs et coutumes concernant la défécation et la miction sur EHS. Afin que mon propos soit plus facilement compréhensible pour un lecteur du XXe siècle, je commencerai en expliquant l’usage du vaccum sewer par les esclaves noirs avant d’en venir à la manière dont les Blancs ont résolu cette question. » 

lundi 11 avril 2011

173




« Mise en confiance par les remarques de Pauline, détendue, Clara ressentit soudain un pressant besoin d’uriner, et demanda où se trouvaient les toilettes :
  Je... euh... Pourriez-vous m’indiquer les toilettes ?
  Les toilettes? répéta Pauline, hésitante.
Elle comprit le besoin pressant qui agitait Clara mais dit une chose étrange:
– Vous... vous désirez que l’on vous touche les jambes, n’est-ce pas ? Je vous en prie. » 

dimanche 10 avril 2011

172



« Silence. Les murs, le plancher, les boiseries suintaient de silence; de quoi le broyer comme une gigantesque meule. Le silence suintait du parquet à travers la vieille moquette grise en lambeaux. Il suintait des appareils cassés ou à demi cassés qui équipaient la cuisine, des appareils qui n'avaient jamais fonctionné depuis l'emménagement d'Isidore. »

samedi 9 avril 2011

171



« — C’est vrai, admit l’autre avec la même émotion. Il y eut un instant de silence.  Cette planète réussit encore à nous émerveiller, affirma alors le commandant. »

vendredi 8 avril 2011

170



« Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence? Regardons les choses en face nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d'entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu'à ce qu'ils rendent l'âme. Et dans l'instant que nous cessons d'être utiles, voici qu'on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passée notre première année sur cette terre, il n'y a pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et quand le malheur l'accable, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple vérité. »

jeudi 7 avril 2011

169



« « Inside high school »
Parents stink
Never having known a mother, her mother had died when Janey was a year old, Janey depended on her father for everything and regarded her father as boyfriend, brother, sister, money, amusement, and father.
Janey Smith was ten years old, living with her father in Merida, the main city in the Yucatan. Janey and Mr Smith had been planning a big vacation for Janey in New York City in North America. Actually Mr Smith was trying to get rid of Janey so he could spend all his time with Sally, a twenty-one year-old starlet who was still refusing to fuck him.
One night Mr Smith and Sally went out and Janey knew her father and that woman where going to fuck. Janey was also very pretty, but she was kind of weird-looking because one of her eyes was lopsided.
Janey tore up her father’s bed and shoved boards against the front door. When Mr Smith
returned home, he asked Janey why she was acting like this.
Janey : You’re going to leave me. (She doesn’t know why she’s saying this.)
 »

mercredi 6 avril 2011

168



« Ma mère est une andouille, un morceau de méduse. La chose la plus répugnante au monde, c'est elle. Mon pire cauchemar est celui où j'ai en moi un peu de cette méduse. Ma mère, la méduse, veut que je sois comme je suis. Je pique donc une crise. Je décide d'être totalement catatonique. Je suis incapable de savoir quoi que ce soit. Je n'ai pas de contacts humains. Je ne suis pas capable de comprendre le langage. »

mardi 5 avril 2011

167



« J’accepte mal qu’une journée, une rencontre, une réunion fortuite, un endroit regardé en passant n’aient pas un sens ; j’accepte mal de ne pouvoir lui trouver, lui donner une cohérence qui, une fois découverte, me paraît issue de la chose même : son sens pour moi. D’où l’obstination de ces choses. » 

lundi 4 avril 2011

166



« The earth seemed unearthly. We are accustomed to look upon the shackled form of a conquered monster, but there -- there you could look at a thing monstrous and free. It was unearthly, and the men were -- No, they were not inhuman. Well, you know, that was the worst of it -- this suspicion of their not being inhuman. It would come slowly to one. They howled and leaped, and spun, and made horrid faces ; but what thrilled you was just the thought of their humanity -- like yours -- the thought of your remote kinship with this wild and passionate uproar. Ugly. Yes, it was ugly enough ; but if you were man enough you would admit to yourself that there was in your just the faintest trace of a response to the terrible frankness of that noise, a dim suspicion of there being a meaning in it which you -- you so remote from the night of the first ages -- could comprehend. »

« La terre paraissait un autre monde. Nous sommes accoutumés à regarder le corps entravé d'un monstre vaincu, mais là-bas - là-bas on avait sous les yeux une chose monstrueuse, et en liberté. C'était un autre monde, et les hommes étaient - non, ils n'étaient pas inhumains. Eh bien, voyez-vous, c'était ça le pire - se douter qu'ils n'étaient pas inhumains. Ça vous venait tout doucement. Ils hurlaient et bondissaient, et tournoyaient et faisaient d'horribles grimaces ; mais ce qui vous faisait frémir, c'était précisément l'idée de leur humanité - semblable à la vôtre - la pensée de votre lointaine parenté avec ce tumulte effréné et passionné. Affreux. Oui, c'était assez affreux ; mais si vous étiez assez viril, vous reconnaissiez en votre for intérieur qu'il y avait en vous rien qu'un soupçon de corde sensible à la terrible franchise de ce bruit, une vague notion qu'il recelait une signification que vous - vous si éloigné de la nuit des premiers âges - pouviez saisir. »

dimanche 3 avril 2011

165



« C'est que l'art ne consiste pas à tuer beaucoup… à égorger, massacrer, exterminer, en bloc, les hommes… C'est trop facile, vraiment… L'art, milady, consiste à savoir tuer, selon des rites de beauté dont nous autres Chinois connaissons seuls le secret divin… savoir tuer !… Rien n'est plus rare, et tout est là… Savoir tuer !… C'est-à-dire travailler la chair humaine, comme un sculpteur sa glaise ou son morceau d'ivoire… en tirer toute la somme, tous les prodiges de souffrance qu'elle recèle au fond de ses ténèbres et de ses mystères… Voilà !… Il y faut de la science, de la variété, de l'élégance, de l'invention… du génie, enfin… Mais, tout se perd aujourd'hui… Le snobisme occidental qui nous envahit, les cuirassés, les canons à tir rapide, les fusils à longue portée, l'électricité, les explosifs… que sais-je ?… tout ce qui rend la mort collective, administrative et bureaucratique… toutes les saletés de votre progrès, enfin… détruisent peu à peu, nos belles traditions du passé… Il n'y a qu'ici, dans ce jardin, où elles soient encore conservées tant bien que mal… Que de difficultés !… que d'entraves !… que de luttes continuelles, si vous saviez !… Hélas ! je sens que ça n'est plus pour longtemps… Nous sommes vaincus par les médiocres… Et c'est l'esprit bourgeois qui triomphe partout… »

samedi 2 avril 2011

164



« Il a rédigé le meilleur commentaire au sujet des futures errances de son propre crâne lorsqu’il a écrit, dans son célèbre traité mi-archéologique, mi-métaphysique consacré aux rites de crémation et aux urnes funéraires, que le fait d’être soustrait à la tombe est une tragédie et une abomination. Mais, ajout-t-il, qui peut se vanter de connaître le destin de ses propres ossements, qui sait combien de fois on les enterrera ? »

vendredi 1 avril 2011

163



« Dans ce bar, Mary n’était qu’une simple serveuse parmi tant d’autres, mais je ne l’avais pas simplement remarquée. Au début, elle ne m’appréciait pas. Beaucoup d’hommes auraient sans doute pris ça pour une réticence passagère, mais moi je croyais qu’elle voulait me tuer, sans même se demander pourquoi. Elle était dure. Elle se hérissait et m’exhibait tous ses piquants pointus. Je suis certain qu’elle comprenait qu’ainsi je tomberais forcément amoureuse d’elle. Je suis sûr qu’elle le savait. »