mardi 31 juillet 2012

566




« Pour dire les choses autrement : parfois, lorsque j’ai longuement travaillé à mon nouveau projet, je devine une géographie étrange et invisible. Des films que je n’ai jamais vus et des livres que je n’ai jamais lus, dont j’ignore jusqu’à l’existence, se penchent sur mes mots. Leurs racines poussent entre mes lignes, comme celles de mes phrases entre les leurs. Des vagues et des vagues d’images inconnues recouvrent les miennes ; celles-ci émergent à la surface et flottent, légères, vers des endroits dont je n’ai pas la moindre idée. Moi, je n’en sais rien. Je n’en ai qu’une intuition, vague elle aussi. Alors je me dis simplement que La Rivière est en crue. »

lundi 30 juillet 2012

565



« Souviens-toi que tu dois vivre. »

dimanche 29 juillet 2012

564



« Souviens-toi que tu dois mourir. »

samedi 28 juillet 2012

563



« Sa lèvre inférieure tremblait. Elle en avait marre de pleurer. Il lui semblait qu'elle n'avait rien fait d'autre ces derniers mois. Si au moins elle y avait été préparée ! Le contraste était tellement énorme avec le tourbillon de bonheur qui, avait-elle pensé, allait l'emporter quand elle aurait son bébé. »

vendredi 27 juillet 2012

562



« Pew, raconte-moi une histoire.
Quel genre d'histoire, petite?
Une histoire qui finit bien.
Cela n'existe pas.
Quoi, les fins heureuses?
Les fins. »

jeudi 26 juillet 2012

561



« On est peut-être les gentlemen anglais fair-play, mais on est aussi les enfoirés de la perfide Albion. »

mercredi 25 juillet 2012

560



« Et elle souffrirait si j’arrêtais de boire. Elle a investi tant de temps et d’énergie à populariser le mythe selon lequel mon alcoolisme était le grand responsable de l’échec de notre mariage que cesser de boire maintenant passerait presque pour un geste d’hostilité. »

mardi 24 juillet 2012

559



« Dépêche-toi. Ne tarde pas à raconter cette histoire.
La vie est si courte. Une étendue de mer et de sable, une promenade sur la plage, avant que la marée ne recouvre tout ce que nous avons fait.
Je t'aime.
Les trois mots les plus difficiles au monde à prononcer.
Mais que pourrais-je dire d'autre? »

lundi 23 juillet 2012

558



« L'enfance n'est pas un paradis perdu, mais un paradis qu'on se rappelle. »

dimanche 22 juillet 2012

557



« En nous droguant au sentimentalisme et aux émotions bon marché, nous avons fini par oublier ce que sont les véritables sentiments, s'il a vraiment existé un jour une chose humaine aussi peu contaminée par la misère et la mesquinerie. Bienvenue au pays de la faute et de la commisération, cette culture mièvre où même les victimes sont des bourreaux et les bourreaux des victimes. »

samedi 21 juillet 2012

556



« Tu fermeras les yeux, attendant. Les paupières sont presque la seule partie de ton corps que tu puisses bouger à ta guise et cela te rappelle ta nature physique précaire, ta nudité cachée à l'intérieur de trois combinaisons superposées, faites de nylon, de plastique, de coton, traitées avec des substances ignifuges. »

vendredi 20 juillet 2012

555



« La chambre, par exemple, était un lieu où, nu sous des draps tièdes, et si on restait à lire, à veiller, sans bouger, sans parler, les souris, non, une souris, elle ou son frère, ferait une audacieuse apparition, et se hasarderait même sur le couvre-lit, à leurs pieds, comme si elle suivait un chemin nécessaire, inévitable quel qu’en soient les dangers nouveaux.
Et elles dévisageaient les deux garçons avec une telle malice et mêlaient tant d’hésitations, de retours et d’avances effrontées dans leur passage que, de vermines, elles devenaient êtres nains, êtres fées, proches des gnomes, des lutins, des servans, de toutes les canailles miniatures qui, autrefois, peuplaient le monde et ricanaient derrière les gens avant de leur jouer un tour. »

jeudi 19 juillet 2012

554



« Moi je dis : "Si tu veux que je daigne
t'aider, crache-moi qui t'es, hidalgo,
et si je te dépêtre pas, qu'enfer m'empeigne

au fond de cette banquise !" Il reprit aussi sec : "Je suis frère Alberigo,
celui des fruits poisonnés du jardin,
qui se reçoit datte pour figue en tel frigo."

"Fuck !" fis-je, "te voilà mort gredin ?"
Et lui à moi : "Si ma viande tient toujours
en l'air sur terre, j'ai pas si soudain

cette science... Mais le séjour
de Tolomée a l'avantage que des fois l'âme y tombe
avant qu'Atropos t'ait donné le bonjour. »

mercredi 18 juillet 2012

553



« Tous étaient levés maintenant, l'heure se cristallisait
où la soupe d'ordinaire s'apporte,
et chacun se traumatisait

d'un rêve identique. Ici j'entendis clouer une porte
au bas de notre horrible tour ; je vérifiai
en pleine figure mes fils sans qu'un son me sorte.

Je ne bronchai pas, tant me pierrifiais
en dedans ; eux geignaient, et mon mien Anselmuccio pipa :
'Tu nous fais de ces yeux frits, bon papa... quoi qui s'est gâtifié ?' »

mardi 17 juillet 2012

552



« Moi, j'étais le comte Ugolino (tiens ça certain)
et lui c'était Ruggieri l'archevêque
:
maintenant je te dis pourquoi on est si contigus soir et matin.

Que par la résultance de ses idées craspec,
quand je me confiais à lui, j'ai été gaulé
et crôni : pas besoin que je te le dissèque...

Mais ce que tu peux pas avoir extrapolé,
c'est comment mon décès fut qu'une rage :
prêtes-y l'écoute, et admire si l'autre m'a bien désolé. »

lundi 16 juillet 2012

551



« La gueule se leva de son repas d'horreur
à ce punk, puis s'essuya aux cheveux
du crâne dont il avait gobé la face postérieure.

Et s'ouvrant : "Tu veux
que je revive les pires chagrins qui me crèvent le palpitant :
rien qu'y penser ça me rend nerveux...

Mais si mon témoignage sera l'infectant
qui va pourrir de honte ce trahisseur que je goûte,
je peux bien parler et chialer en même temps.

Je sais pas qui t'es, ni par où t'as fait route
jusqu'à cette zone ; mais florentin,
j'ai fort l'impression que tu y es, si j'écoute. »


dimanche 15 juillet 2012

550



« Mais périssons en résistant et si le néant nous est réservé, faisons que ce soit une injustice. »

samedi 14 juillet 2012

549



« Perfectionne ta physique, et tu comprendras mieux la nature (…) »

vendredi 13 juillet 2012

548



« J'aurais pu lutter contre une vivante, non contre une morte. »

jeudi 12 juillet 2012

547




« Wer reitet so spät durch Nacht und Wind ?
Es ist der Vater mit seinem Kind.
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er fasst ihn sicher, er hält ihn warm.
Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht ? –
Siehst Vater, du den Erlkönig nicht !
Den Erlenkönig mit Kron’ und Schweif ? –
Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. –
„Du liebes Kind, komm geh’ mit mir !
Gar schöne Spiele, spiel ich mit dir,
Manch bunte Blumen sind an dem Strand,
Meine Mutter hat manch gülden Gewand.“
Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,
Was Erlenkönig mir leise verspricht ? –
Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind,
In dürren Blättern säuselt der Wind. –
„Willst feiner Knabe du mit mir geh’n ?
Meine Töchter sollen dich warten schön,
Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn,
Und wiegen und tanzen und singen dich ein.“
Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort
Erlkönigs Töchter am düsteren Ort ? –
Mein Sohn, mein Sohn, ich seh’ es genau,
Es scheinen die alten Weiden so grau. –
„Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt,
Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt !“
Mein Vater, mein Vater, jetzt fasst er mich an,
Erlkönig hat mir ein Leids getan. –
Dem Vater grauset’s, er reitet geschwind,
Er hält in Armen das ächzende Kind,
Erreicht den Hof mit Mühe und Not,
In seinen Armen das Kind war tot. »

mercredi 11 juillet 2012

546




« C’est l’histoire d’un gars qui dit à un autre:
- Hey…t’as une banane dans l’oreille !
- Quoi ?
- T’as une banane dans l’oreille !
- Quoi ?
- T’as une banane dans l’oreille !
- Parle plus fort, j’ai une banane dans l’oreille ! »

mardi 10 juillet 2012

545



« La vie réelle n’est jamais si bien ordonnée, et elle ne s’interrompt pas sous prétexte que quelqu’un a remporté une victoire. Là où un roman s’achèverait sur le mot FIN, les événements réels sont suivis par d’autres événements réels. »

lundi 9 juillet 2012

544



« Tu sais, le préservatif est la pantoufle de verre de notre génération. Tu l'enfiles quand tu rencontres quelqu'un que tu ne connais pas. Tu danses toute la nuit, et ensuite tu le jettes. Le préservatif, je veux dire. Pas l'inconnu. »

dimanche 8 juillet 2012

543



« La vraie vie a lieu quand nous sommes seuls à penser, à ressentir, perdus dans les souvenirs, rêveusement conscients de nous-mêmes, des moments infinitésimaux. »

samedi 7 juillet 2012

542



« Je ne lis pas de poésie. Je lis les journaux. J'enfonce ma tête entre les pages et je deviens folle et enragée. »

vendredi 6 juillet 2012

541



« Oh merde je suis mort. »

jeudi 5 juillet 2012

540



« The sky above the port was the color of television, tuned to a dead channel. »

mercredi 4 juillet 2012

539



« Confident que j'aime, me promets-tu de toujours garder mon coeur que je t'ai donné, les pensées qu'à toi seul j'ai exprimées ? Oh ! Réponds-moi ? Oui, n'est-ce pas, quand même je suis sûre que personne ne voudra t'écouter si tu te mettais à dire tout ce que je t'ai donné ou confié. Non, personne n'écouterait les idées d'une folle comme moi. »

mardi 3 juillet 2012

538




« Racontez-moi ce qui vous est arrivé, avec vos propres mots.
- Mes propres mots ? Une orque m'a dévoré la jambe.
- Je vois, dit-il en gribouillant quelque chose sur son bloc-notes. Vous l'avez vu venir ?
- Quoi ?
- Y avait-il, enfin, une ... quelconque hostilité... entre vous deux ?
- Oui. J'étais jaloux de sa carrière.
- Vraiment ?
- Follement jaloux, oui.
- Vous allez porter plainte ?
- Contre qui ? L'orque ?
- On peut ?
- Sortez d'ici ! »