mercredi 24 août 2011

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« Le chagrin voleur du temps s’éloigne en rampant,
La tombe aimantée par la lune, avec les années voguant,
Le valet de la douleur dérobe
La foi marine brisée, qui a mis le temps à genoux.
Les vieux oublient les cris, courbent le temps sur le flot
Et les heures où ils avaient le vent debout,
Rappellent les naufragés
Chevauchant la lumière de la mort sur un chemin englouti,
Les vieux oublient le chagrin,
Le râle de la toux, l’albatros qui pend,
Rappellent l’os de la jeunesse
Et, l’œil salé, trébuchent vers le lit où repose
Celle qui a soulevé la haute mer à l’époque des contes
Et continue sans fin d’enlacer le voleur.
 
Ducon, valet de mes pères, laisse à présent l’escroc à gueule de temps,
Arborant l’éclair de la mort sur la manche
Avec un butin de bulles dans un sac de semence,
Se glisser dans la tombe de l’étalon,
Faire mouche sur le paria à travers une fente châtrée
Et libérer les cercueils jumeaux du chagrin.
Qu’aucun sifflet d’argent ne le poursuive le long des pics
De chaque jour jusqu’au jour de la mort.
Ces bulles volées contiennent la morsure des serpents
Et les dents des yeux à venir.
Qu’aucun troisième œil ne sonde le sexe de l’arc-en-ciel
Qui enjambait les deux moitiés de l’homme.
Tout demeurera et, dans le golfe ouvert sur la tombe,
prendra la forme des voleurs de mes pères. »