jeudi 25 août 2011

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« Chagrin voleur du temps se carapate – 

Lunatique, la tombe, après ces années à caboter, 

Et le valet de douleur, lui, est en maraude, 

Et rompue, la foi qu’on a eu en la mer, qui étanchait le temps. 

Les anciens en oublient leurs épreuves, 

Ils font plier le temps sur l’heure des marées, 

Et les heures du temps sous vent debout comme jadis, 

Ils font revenir les naufragés, 

Courent mer et lumière sur une route engloutie, 

Les anciens en oublient la douleur du chagrin, 
La toux qui racle la gorge, l’albatros qu’on a pris et pendu, 

Ils revivent le bon temps de leur jeunesse 

Et, l’œil amer, s’en vont buter au lit où elle repose, 

Celle qui fit virer la haute mer à l’antan des souvenirs 

Et repose aimante pour l’éternité aux côtés du voleur. 
 


Benêt de mes aïeux, largue-moi donc cette gueule de temps d’escroc 
Qui nous tire de sa manche l’éclair de la camarde, 

Et avec sa rapine de bulles dans son baluchon miteux,  

S’en va se faufiler en douce dans la tombe de l’étalon, 

Déglingue le manant par la fente du judas, 

Et laisse dériver le double cercueil des nostalgies – 
Que sifflets d’argent ne le traquent pas tout au long de la crête 

Des jours et des jours des semaines jusqu’au jour de la mort. 

Bulles volées ont en elles des morsures de serpents 

Et des crochets bien affilés. 

Que le troisième œil n’aille pas sonder le sexe de l’arc-en-ciel 

Qui faisait pont entre les deux moitiés de l’homme. 

Tout restera tel quel, et au-dessus du golfe donnant sur la tombe 

Tout aura la forme des détrousseurs de mes aïeux. »