vendredi 18 novembre 2011

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« Lecteur, un mot, ici. - Lorsque Stendhal voulait écrire une histoire d'amour un peu sentimentale, il avait coutume, on le sait, de relire, d'abord, une demi-douzaine de pages du Code pénal, pour, - disait-il, - se donner le ton. Pour moi, m'étant mis en tête d'écrire certaines histoires, j'avais trouvé plus pratique, après mûre réflexion, de fréquenter, tout bonnement, le soir, l'un des cafés du passage de Choiseul où feu M. X***, l'ancien exécuteur des hautes-œuvres de Paris, venait, presque quotidiennement, faire sa petite partie d'impériale, incognito. C'était, me semblait-il, un homme aussi bien élevé que tel autre; il parlait d'une voix fort basse, mais très distincte, avec un bénin sourire. Je m'asseyais à une table voisine et il me divertissait quelque peu lorsque emporté par le démon du jeu, il s'écriait brusquement: "- Je coupe!" sans y entendre malice. Ce fut là, je m'en souviens, que j'écrivis mes plus poétiques inspirations, pour me servir d'une expression bourgeoise. - J'étais donc à l'épreuve de cette grosse sensation d'horreur convenue que causent aux passants ces messieurs de la robe courte. »