lundi 3 novembre 2014

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« Je me souviens d’avoir pioché tout un mois assise derrière une table placée face à un champ de blé long comme la mer, levant régulièrement de mes feuilles un regard d’aveugle, les oreilles bouchées avec toute la cire d’Ulysse, attachée au mât de mon stylo et, malgré cela, noter dans un coin pour plus tard le bond d’un couple de chevreuils dans le sillon du tracteur, le vol euphorique et scintillant d’un beau flambé, l’alarme de pompier du village et le film complet des métamorphoses nuageuses sur ma tête. Ces perceptions « de côté » viennent à l’esprit avec la précision des événements jaillis aux points de jonction des mondes parallèles (qui ne le sont jamais). »