vendredi 20 janvier 2012

421




« On ne pouvait pas vivre indéfiniment en ne comptant que sur ses couilles et en jouant au plus malin. Moi, je fonctionnais comme cela depuis dix ans et j’avais maintenant la nette impression que mes réserves s’épuisaient. »

jeudi 19 janvier 2012

420



« Le vol, disait-il, était supérieur à tout ce qu'on peut se mettre dans le bec et sous la dent - c'était la liberté majuscule et le summum, la quintessence du plaisir. »

mercredi 18 janvier 2012

419



« Pourquoi ne dansez-vous pas ? »

mardi 17 janvier 2012

418



« Je n’ai pas du tout l’impression de faire la fête, bâillai-je.
- Me too, répondit Henry mollement. Je crois qu’on a mangé trop vite. Le homard ça doit se déguster lentement. Et on aurait dû inviter des femmes. On se serait mieux tenus.
- Je n’en ai aucune en stock.
- Me too, répéta Henry de façon toujours aussi incorrecte. La vie est parfois d’un ennui incomparable. »

lundi 16 janvier 2012

417



« Le rideau de la chambre fatale était soigneusement tiré. Nathanael ne put entrevoir Olympie ni de cet endroit, ni même de sa fenêtre, deux jours durant, quoiqu’il s’absentât à peine et qu’il eut continuellement l’œil appliqué à la lorgnette de Coppola. Le troisième jour on mit des rideaux aux croisées. — Absolument désespéré, dévoré d’ardeur et de désirs, Nathanael s’enfuit hors de la porte de la ville. L’image d’Olympie flottait devant lui dans les airs, elle surgissait du buisson, elle frappait ses yeux dans le miroir du ruisseau et le poursuivait partout de regards étincelants. Le souvenir de Clara était complètement effacé dans son esprit. Il ne pensait à rien qu’à Olympie, il allait se plaignant à haute voix et d’un ton langoureux : « Ô toi ! ma sublime étoile d’amour ! ne m’as-tu donc apparu que pour t’éclipser aussitôt et me laisser perdu sans espérance dans d’épaisses ténèbres ! » »

dimanche 15 janvier 2012

416




« Il portait une chemise blanche, un jean bleu nuit, il était très élégant. Quand je suis arrivé, son père lisait le journal dans la grande pièce, le double living. Je pense à ma mère en disant cela : un double living, ça lui plaisait. Au bout d’un certain nombre d’années, tous les mots vous font penser à des gens, et les gens disparaîtront, mais pas les mots. Les mots ne disparaîtront jamais tout à fait. »

samedi 14 janvier 2012

415




« Très cher Journal,
Aujourd’hui, j’ai pris une grande décision : je ne mourrai jamais.
D’autres mourront autour de moi. Annihilés. Rien de leur personnalité ne subsistera. Extinction des feux. Leur vie, leur entièreté, seront résumées sur le marbre poli de leur pierre tombale par des formules mensongères (« Son étoile brillait au firmament », « Nous ne t’oublierons jamais », « Il aimait le jazz »), lesquelles seront à leur tour balayées par un raz-de-marée ou mises en pièces par on ne sait quelle dinde de l’avenir génétiquement modifiée. »

vendredi 13 janvier 2012

414



« Je doute très sérieusement que quiconque veuille m'embaucher. Les employeurs perçoivent en moi la négation de leurs valeurs. Ils me craignent. Je les soupçonne d'être capables de se rendre compte que je vis dans un siècle que j'exècre. »

jeudi 12 janvier 2012

413



« Tu imagines la scène ?! cria-t-il en arpentant la cuisine. Une tête qui s’écrase sur le trottoir à tes pieds ! Une tête coupée ! Tu peux imaginer son expression ? »

mercredi 11 janvier 2012

412



« Aussi longtemps qu'existe celui qui nous est proche et, avec lui, la pensée où il s'affirme, sa pensée s'ouvre à nous, mais préservée dans ce rapport même, et ce qui la préserve, ce n'est pas seulement la mobilité de la vie (ce serait peu), c'est ce qu'introduit en elle d'imprévisible l'étrangeté de la fin. Et ce mouvement imprévisible et toujours caché dans son imminence infinie - celui du mourir peut-être - ne vient pas de ce que le terme ne saurait être donné à l'avance, mais de ce qu'il ne constitue jamais un événement qui arrive, même quand il survient, jamais une réalité capable d'être saisie : insaisissable et maintenant jusqu'au bout dans l'insaisissable celui qui lui est destiné. C’est cet imprévisible qui parle et quand il parle, c'est cela qui de son vivant dérobe et réserve sa pensée, l'écarte et la libère de toute mainmise, celle du dehors comme celle du dedans. »

mardi 10 janvier 2012

411



« Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. »

lundi 9 janvier 2012

410




« Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes. »

dimanche 8 janvier 2012

409



« Admettons que Mars soit habitée par des martiens et qu'en voyant arriver notre fusée et nous apercevant à l'intérieur, ils se soient pris de haine pour nous. Admettons ensuite, idée purement gratuite, qu'ils veuillent nous détruire comme indésirables, envahisseurs, et ceci de la façon la plus habile en nous prenant par surprise.
Quelle serait alors la meilleure arme au service des martiens contre des terriens munis d'armes atomiques ? »

samedi 7 janvier 2012

408



« quel est ce langage qui nous fouette nous sursautons dans la lumière 

nos nerfs sont des fouets entre les mains du temps 

et le doute vient avec une seule aile incolore 

se vissant se comprimant s’écrasant en nous 

comme le papier froissé de l’emballage défait 

cadeau d’un autre âge aux glissements des poissons d’amertume »

vendredi 6 janvier 2012

407



« Ils mangent beaucoup de sucreries qu’ils ont apportées que nous n’aimons pas ; nonnettes biscuits à l’orange bonbons mous aux fruits langues-de-chat.
Ils trempent dans leur café et mangent de la viande rouge.
Leur voix montent et se déforment en proportion de ce qu’ils boivent.
Je peux me nourrir de vers sans sourciller de limaces. La vigne pousse au-dessus de moi. »

jeudi 5 janvier 2012

406



« un homme maudit plantant des tomates

jardin derrière une maison où il vit

qu’appartient à quelqu’un d’autre  .
à genoux 
sur la terre 
ses mains déplacent la terre 

ressentent la terre  . »

mercredi 4 janvier 2012

405



« Faut-il que je le fasse entendre 

Voici je le dis je le crie

Je ne vis que pour aimer

J’aurai vécu illuminé 

Par des astres extérieurs 

A mon ciel que peu je regarde,  
 


Et si je puis être violent 

C’est seulement 

Si quelque porc nuit à l’aimée 

Si quelque chien pisse ou aboie 

Sur la trace d’un ami, »

mardi 3 janvier 2012

404



« Et tout homme pourtant tue la chose qu’il aime, / Que tous entendent bien cela, / Il en est qui le font d’un simple regard aigre, / D’autres d’un mot de flatterie, / Le lâche, pour le faire, utilise un baiser, / Et le courageux une épée ! »

lundi 2 janvier 2012

403



« Chut ! Mon Dieu, qu’est-ce que c’est ? Regardez ! Même les malles de crin dressent l’oreille, s’arrêtent et baissent les yeux vers la campagne qui ondule au loin. Encore ! Chut ! C’est clair, c’est musical et ça dure ! Un triomphe, une vraie action de grâces, ce chant de coq ! »

dimanche 1 janvier 2012

402