lundi 27 octobre 2014

737



« C'était un endroit comme un autre pour mourir. » 
 

vendredi 24 octobre 2014

736



« Le spectacle est l’origine du monde. »

mercredi 22 octobre 2014

735



« Tintin, conclut-elle en se tapant le menton avec l'index et le médius de la main droite. » 
 

lundi 20 octobre 2014

734



« Il plut pendant tout septembre.
Mes élèves n'étaient pas des monstres : c'étaient des enfants qui avaient peur de tout et riaient sans raison. On m'avait confié la petite classe, non pas la plus petite mais le cours élémentaire; ça faisait beaucoup de petits corps semblables; j'apprenais à les nommer, à les reconnaître, courant sous la pluie vers le trou venteux des préaux, pendant les récréations, tandis que derrière les hautes fenêtres je les observais, et puis tout à coup je ne les voyais plus, rencognés sous un auvent, derrière le corps multiple et cavalier de la pluie. J'étais seul dans la salle d'école. Je regardais sur tout un rang de patères leurs cabans pendus qui fumaient encore des pluies du matin, comme sèchent dans un bivouac les paletots d'une armée naine; je les nommais aussi ces petites défroques, je les attribuais, avec un peu d'émoi. »

vendredi 17 octobre 2014

733



«  Pour moi, la légèreté est liée à la précision et à la détermination, nullement au vague et l’aléatoire. Comme disait Paul Valéry : “Il faut être léger comme l’oiseau, et non comme la plume.” »

mercredi 15 octobre 2014

732



« Une petite tache brille entre les paupières qui battent. La chambre est vide et les volets s'ouvrent dans la poussière. C'est le jour qui entre ou quelque souvenir qui fait pleurer tes yeux. Le paysage du mur - l'horizon de derrière - ta mémoire en désordre et le ciel plus près d'eux. Il y a des arbres et des nuages, des têtes qui dépassent et des mains blessées par la lumière. Et puis c'est un rideau qui tombe et qui enveloppe toutes ces formes dans la nuit. »

lundi 13 octobre 2014

731



--> « Ce qui est tombé,
Ce qui vient,
Ce qui n’est pas dans moi,
Ce qui n’est pas de moi,
Ce qui n’est pas venu de moi,
De vraiment loin de moi,
Venu de loin de moi,
De vraiment loin des ventres, de vraiment loin de ce qu’on sait des ventres,
De ce qu’on sait de l’anatomie des ventres, »

vendredi 10 octobre 2014

730



« When the day is done / Down to earth then sinks the sun / Along with everything that was lost and won / When the day is done. / When the day is done / Hope so much your race will be all run / Then you find you jumped the gun / Have to go back where you began / When the day is done. / When the night is cold / Some get by but some get old / Just to show life's not made of gold / When the night is cold. / When the bird has flown / Got no-one to call your own / Got no place to call your home / When the bird has flown. / When the game's been fought  / You speed the ball across the court / Lost much sooner than you would have thought / Now the game's been fought. / When the party's through / Seems so very sad for you / Didn't do the things you meant to do / Now there's no time to start anew / Now the party's through. / When the day is done / Down to earth then sinks the sun / Along with everything that was lost and won / When the day is done. »

mercredi 8 octobre 2014

729



« Y avait trois petits keupons
Avec des jolis blousons
Et des docs à coke, des ceintures cloutées et des cheveux décolorés

Le premier petit keupon
Faisait de jolies chansons
Et le samedi soir
Avec sa guitare
Il jouait le rock'n'roll
(…)
Le deuxième petit keupon
Faisait pousser du gazon
Et le samedi soir
Broutait dans les squares
Avec ses copains canards

Le troisième petit keupon
Avait de l'imagination
Il rentrait du bar
Tous les samedis soir
Avec son ami Babar »

lundi 6 octobre 2014

728


« Sans s'incliner, il releva jusqu'à ses lèvres et baisa sa main de cygne - après quoi ils restèrent l'un devant l'autre, les yeux dans les yeux, lui jouant avec des pièces de monnaie dans les poches de son pantalon, sous son veston remonté en bosse, elle manipulant son collier, et l'on eût dit que chacun réfléchissait la lumière incertaine à laquelle s'était catastrophiquement réduit tout l'éblouissement de leur accueil réciproque. Elle était Ada plus que jamais, mais un éclat d'élégance nouvelle s'était ajouté à son charme sauvage. Ses cheveux encore plus noirs étaient tirés en arrière et relevés au-dessus de la nuque en un chignon luisant et la ligne Lucette de son cou nu, mince et droit, le frappa comme une surprise déchirante. »




































vendredi 3 octobre 2014

727



« Le garçon fut réveillé par le soleil qui entrait par la fenêtre. Mais ses rayons étaient plus faibles que d'habitude car ils avaient du mal à passer à travers le feuillage très dense qui se trouvait, maintenant, devant la maison. Jacques se leva et regarda avec curiosité à l'extérieur. Les haricots avaient bel et bien germé. En quelques heures, ils étaient devenus des plantes immenses dont le haut atteignait le ciel. On n'en voyait même pas la fin. Les feuilles et les troncs formaient un escalier très pratique. »

mercredi 1 octobre 2014

726



« je vois l’homme sous la femme et la femme sous l’homme, je vois le sexe de la femme autour du sexe de l’homme, je vois le doigt de la femme dans l’anus de l’homme, je vois le majeur de l’homme dans l’anus de la femme, je vois le sexe de l’homme dans le sexe de la femme »

lundi 29 septembre 2014

725



« Dans la nuit
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
A la nuit sans limites
A la nuit
Mienne, belle, mienne
Nuit
Nuit de naissance
Qui m’emplit de mon cri
De mes épis.
Toi qui m’envahis
Qui fais houle
Qui fais houle tout autour
Et fume, es fort dense
Et mugis
Es la nuit.
Nuit qui gît, nuit implacable.
Et sa fanfare, et sa plage
Sa plage en haut, sa plage partout,
Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie sous lui
Sous lui, sous plus ténu qu’un fil
Sous la nuit
La Nuit. »

vendredi 26 septembre 2014

724



--> « Mais loin d’être seulement le miroir trompeur du passé, sa doublure imaginaire, le langage est le réceptacle de nos désirs inassouvis, comme aussi une prière adressée par soi à soi-même et aux autres qui rarement l’entendent ou ne l’entendent que lorsqu’il sera trop tard. »

mercredi 24 septembre 2014

723



« Pendant la Terreur, quand l’aube emportait les charrettes à la bascule, un poète anglais s’exclamait d’un vers “Sleep no more !”. C’est un “Dream no more !” qui est à l’ordre du jour. Je ne dis pas que j’y parviens, je dis que j’y suis. »

lundi 22 septembre 2014

722



« De ce point de vue, il n’est pas exagéré de dire que toute l’histoire est une histoire entièrement privée d’entendement, ce qui en fait du même coup une histoire parfaitement morte. »

vendredi 19 septembre 2014

721



« Je cherche un être à envahir
Montagne de fluide, paquet divin,
Où es-tu mon autre pôle ? Etrennes toujours remises,
Où es-tu marée montante ?
Refouler en toi le bain brisant de mon intolérable tension !
Te pirater. »

mercredi 17 septembre 2014

720



« — Je me suis promenée au bord de la Folie. —
Aux questions de mon cœur,
S’il ne les posait point,
Ma compagne cédait,
Tant est inventive l’absence.
Et ses yeux en décrue comme le Nil violet
Semblaient compter sans fin leurs gages s’allongeant
Dessous les pierres fraîches.
La Folie se coiffait de longs roseaux coupants.
Quelque part ce ruisseau vivait sa double vie.
L’or cruel de son nom soudain envahisseur
Venait livrer bataille à la fortune adverse. »

lundi 15 septembre 2014

719



« Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile,
à ne jamais réaliser une œuvre qui serait forcément belle,
à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès.
Pourquoi l’art est-il beau ?
Parce qu’il est inutile.
Pourquoi la vie est-elle si laide ?
Parce qu’elle est un tissu de buts, de desseins et d’intentions.
Tous ses chemins sont tracés pour aller d’un point à un autre.
Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d’un lieu
D’où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va.
La beauté des ruines ?
Celle de ne plus servir à rien. »

vendredi 12 septembre 2014

718



« Vois la brûlure que fait en ce monde l’instant d’avant les choses tu es la pensée de cet instant et sa chair hélas.
Il n’y aura plus jamais de place pour toi entre la folie et l’oubli et la folie de toutes les flammes
Courage va Tu as planté la hache les heures sont tes prisonnières Déjà quand c’est le soir et que l’air change de couleur tu regardes en te penchant à droit à gauche comme un piéton à travers les arbres d’un pays inconnu tu fais tourner les yeux avec les derniers feux du jour tu marches tantôt doucement tantôt vite comme si tu suivais quelqu’un
A force de trouver partout la tristesse tu n’auras plus qu’elle à quitter quand le moment sera venu Une chanson est dans le jour tu ne sais plus si c’est le vent ou bien la peur du vent d’ici tu ne sais plus quand elle t’éveille si ce cœur c’est ta vie ou bien si c’est ta peine
Tu as deviné dans tous les cœurs un peu de la tristesse que personne ne connaît comme toi Et c’est toute ta force en ce monde d’avoir les mains fermées sur ce qui nous ferait peut-être mourir »