« L'eau, d'une gueule de satyre aux oreilles
foliesques, tombait dans une cuve naturelle de terre rouge et d'herbes vertes
où s'enracinaient des lauriers-roses en touffes compactes. Ce n'était point la
vasque moisie et lépreuse de nos jardins où la source inutile vient inonder une
terre déjà molle de pluie. C'était une naissance de fleurs dans le sol pourpré
du Midi, une fontaine de sève, une urne génitrice d'où la vie ruisselait en
verdures mouvantes, et le vieux satyre, fils de Pan, regardait la jeunesse des
bois descendre éternellement de ses lèvres.
Au-dessous du mascaron cornu, que la blanche Aline prenait pour le diable, deux nymphes de marbre s'enlaçaient, debout et penchées sur le bassin obscur. A la fin de chaque hiver l'amandier les couvrait de ses petites églantines. L'été, elles prenaient sous le soleil toutes les couleurs de la chair. La nuit elles redevenaient déesses. »
Au-dessous du mascaron cornu, que la blanche Aline prenait pour le diable, deux nymphes de marbre s'enlaçaient, debout et penchées sur le bassin obscur. A la fin de chaque hiver l'amandier les couvrait de ses petites églantines. L'été, elles prenaient sous le soleil toutes les couleurs de la chair. La nuit elles redevenaient déesses. »