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« Je
suis le gardien du phare, le gardien de la tour d'ivoire depuis des années.
C'est un travail bien rémunéré, qui laisse l'esprit tranquille et ne donne
guère d'inquiétudes, et l'on n'est guère tenté par la dépense. Les gens de la
profession font de vieux os riches en phosphore et en iode excellents pour les
leçons d'anatomie, car ils n'ont pas peur, comme les hommes du continent, de
voir leur place prise dès qu'ils tournent le dos, s'éloignent quelques jours de
leur bureau (J'allais dire de leur berceau. La langue, tout de même, quelle
bête fourchue !) D'ici, on ne part pas, cela fait longtemps que le métier
me le prouve ; quant à la mer, on ne lui tourne jamais le dos sans l'avoir
aussi face à soi ; elle n'a qu'à bien se tenir. »