« Mais dans
les bras de Laura, il n'y avait pas d'illusion possible. Jamais je n'avais aimé
avec un don si total de moi-même. Je ne me souvenais même plus de mes autres
amours, peut-être parce que le bonheur est toujours un crime passionnel : il
supprime tous les précédents. Chaque fois que nous étions unis ensemble dans le
silence des grandes profondeurs qui laisse les mots à leurs travaux de surface
et que, très loin, là haut, les milles hameçons du quotidien flottent en vain
avec leurs appâts de menus plaisirs, de devoirs et responsabilités, il se produisait
une naissance du monde bien connue de tous ceux qui savent encore cette vérité
que le plaisir réussit parfois si bien à nous faire oublier : vivre est une
prière que seul l'amour d'une femme peut exaucer. »
lundi 30 décembre 2013
vendredi 27 décembre 2013
631
« Les
villes ne furent plus que des flaques de verre entourées de vastes étendues de
décombres. Des nations avaient disparues de la surface de la terre, le sol
était jonché de cadavres d'hommes et de bétail, et toutes les bêtes sauvages,
et les oiseaux dans les airs et tout ce qui nageait dans les fleuves ,rampait
dans l'herbe , creusait des trous ,gisait aussi sur terre ; ils avaient tous
péri ... »
mercredi 25 décembre 2013
630
« Certains
hommes passent des années à tisser une toile de pensées cohérentes, et
d’autres, qui les laissent vagabonder au hasard, parviennent au même résultat.
Et voilà pour la sagesse du philosophe ! »
lundi 23 décembre 2013
629
vendredi 20 décembre 2013
628
« Parfois quand un inconnu indiscret vient à le
questionner sur sa vie - un taxi, un coiffeur de province, un voisin de train –
Yves s’invente un métier, se fabrique une vie, dans l’impunité de l’anonymat
…. Le temps d'une course place d'Italie - rue Montmartre, il devient l'un des
spécialistes européens de la cryptobiose des tardigrades.
- De la quoi des quoi? dit le taxi
- De la cryptobiose des tardigrades. Les tardigrades sont de tout petits animaux pas plus gros qu'une tête d'épingle. Ils sont capables d'expulser toute l'eau de leur corps pour résister à des températures extrêmes dans l'Antarctique : c'est cela, la cryptobiose. Dans cet état, ils peuvent survivre des années, parfois des siècles. Je les étudie depuis vingt-deux ans maintenant.
- On vous paye pour ça avec nos impôts? Demande le taxi inquiet. »
- De la quoi des quoi? dit le taxi
- De la cryptobiose des tardigrades. Les tardigrades sont de tout petits animaux pas plus gros qu'une tête d'épingle. Ils sont capables d'expulser toute l'eau de leur corps pour résister à des températures extrêmes dans l'Antarctique : c'est cela, la cryptobiose. Dans cet état, ils peuvent survivre des années, parfois des siècles. Je les étudie depuis vingt-deux ans maintenant.
- On vous paye pour ça avec nos impôts? Demande le taxi inquiet. »
mercredi 18 décembre 2013
627
« Il essaya de trouver des sages dans la ville de
Londres et, plus tard, à Paris. Il chercha
Dans l’annuaire : il trouva sur des pages entières des plombiers,
Des avocats, des restaurants, des agences immobilières,
Des plombiers, mais pas une seule référence à un sage,
Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas, mais seulement
Qu’ils ne veulent pas qu’on les contacte, pensa-t-il.
Et il s’en retourna par les rues. »
Londres et, plus tard, à Paris. Il chercha
Dans l’annuaire : il trouva sur des pages entières des plombiers,
Des avocats, des restaurants, des agences immobilières,
Des plombiers, mais pas une seule référence à un sage,
Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas, mais seulement
Qu’ils ne veulent pas qu’on les contacte, pensa-t-il.
Et il s’en retourna par les rues. »
lundi 16 décembre 2013
626
« Un homme
touche une femme avec la même inhabileté
Que ses ancêtres
D'il y a dix siècles.
La vie va de l'avant et elle est monstrueuse. »
Que ses ancêtres
D'il y a dix siècles.
La vie va de l'avant et elle est monstrueuse. »
vendredi 13 décembre 2013
625
« Impossible, en effet, de distinguer le visage
De qui veut seulement voler un portefeuille
Du visage de qui veut tuer, égorger, éventrer,
Couper en tranches et, avec les arêtes de l'intérieur du corps,
Fabriquer une lyre.
C'est pourquoi Bloom, par précaution, agit immédiatement
Comme si le vieillard et ses trois fils eussent déjà montré
Les dents et que lui, pauvre garçon,
Fût la cause de leur appétit. »
De qui veut seulement voler un portefeuille
Du visage de qui veut tuer, égorger, éventrer,
Couper en tranches et, avec les arêtes de l'intérieur du corps,
Fabriquer une lyre.
C'est pourquoi Bloom, par précaution, agit immédiatement
Comme si le vieillard et ses trois fils eussent déjà montré
Les dents et que lui, pauvre garçon,
Fût la cause de leur appétit. »
mercredi 11 décembre 2013
624
« Il vint, il me tâta de sa canne ferrée, il
releva les pans de ma veste avec la pointe et les replia sur mon dos. Il
promena sa canne aiguë dans ma tignasse et l’y laissa longtemps tandis qu’il
regardait, probablement, d’un air farouche autour de lui; et mon rêve suivait
le sien au-delà des monts et des plaines, quand il me saura soudain à pieds
joints sur les reins. Je frémis d’une douleur atroce; je ne m’étais douté de
rien. Qui était-ce? un enfant? un rêve? un brigand? un désespéré? un tentateur?
un exterminateur? Je me retournai pour le voir. »
lundi 9 décembre 2013
623
« Dieu sait pourquoi l’idée me vint alors que,
s’il avait pu prévoir la chose, père aurait aimé emporter sous terre avec lui
des objets familiers. À commencer par frère et moi, songeai-je, mais cette
perspective me parut excessive et désemparante. Bien sûr notre tour viendrait,
notre tour de décéder, et le même jour encore ou peu s’en faut, extrêmement
oints, si ça se dit, dociles jusque dans et par la tombe, car celle de papa,
qui semblait exister depuis toujours en quelque endroit de la plaine qu’il nous
restait encore à deviner, constituait une manière de commandement, un appel
donné si j’ose dire depuis la matrice de la terre, comme tous ses ordres
étaient donnés jusque-là depuis la chambre de l’étage, je dis la chose comme
elle m’apparaît. Mais ça pouvait attendre, je veux dire notre tour, quelques
jours du moins, peut-être des semaines, voire des siècles, car si nous savions
de source sûre par mon père que nous étions mortels jusqu’au trognon et que
tout passe ici-bas, papa ne nous avait jamais précisé combien de temps il
faudrait pour que nous cessions de l’être, mortels, et passions comme cadavres
de l’état d’apprenti à celui de compagnon, mon frère et moi. »
vendredi 6 décembre 2013
622
« En raison d’un inexplicable court-circuit,
c’est le fonctionnaire qui abaissa le levier qui fut électrocuté, et non le
criminel qui se trouvait assis sur la chaise. Comme l’on n’était pas parvenu à
réparer la panne, c’était désormais le fonctionnaire du gouvernement qui
prenait place sur la chaise électrique, tandis que le criminel était chargé
d’abaisser le levier mortel. »
mercredi 4 décembre 2013
621
« Tu es
sûre que c'était un doigt humain.
Cette fleur de tabac à la froideur obstinée ne voulait pas être attaquée par le dégoût. Je serrai le poing au bord de la table et posai l'index à plat.
Et ça, alors, qu'est-ce que c'est.
Rentre ton doigt, dit-elle.
Est-ce qu'on peut le confondre.
J'ai vu, remets le là l'intérieur de ta main.
Qu'est-ce que tu as vu, une cigarette ou une patte d'oiseau.
Faut-il vraiment que je te le dise ou suffira-t-il que je te croie ? »
Cette fleur de tabac à la froideur obstinée ne voulait pas être attaquée par le dégoût. Je serrai le poing au bord de la table et posai l'index à plat.
Et ça, alors, qu'est-ce que c'est.
Rentre ton doigt, dit-elle.
Est-ce qu'on peut le confondre.
J'ai vu, remets le là l'intérieur de ta main.
Qu'est-ce que tu as vu, une cigarette ou une patte d'oiseau.
Faut-il vraiment que je te le dise ou suffira-t-il que je te croie ? »
lundi 2 décembre 2013
620
« La
première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle
lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il
n'aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il
avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui
portait un nom de princesse d'Orient sans avoir l'air de se considérer dans
l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus.
Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu
dire si elle était blonde ou brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en
demeurait une impression vague, générale, d'ennui et d'irritation. Il se
demanda même pourquoi. C'était disproportionné. Plutôt petite, pâle, je crois…
Qu'elle se fût appelée Jeanne ou Marie, il n'y aurait pas repensé, après coup.
Mais Bérénice. Drôle de superstition. Voilà bien ce qui l'irritait. »
Inscription à :
Articles (Atom)