lundi 3 mars 2014

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« Ce n’est pas un homme mais un alguazil. Voyez quelle façon de parler ! La question de l’un et la réponse de l’autre montrent suffisamment que vous ne savez pas grand-chose. Et il faut signaler que si nous les diables logeons dans les alguazils, ce n’est pas de notre plein gré mais par force ; aussi, pour être dans le vrai vous devez m’appeler démon enalguazilé et ne pas traiter celui-ci d’alguazil démoniaque. Et l’on ne proclamera jamais assez que vous les hommes vous accordez mieux avec nous qu’avec eux, car nous autres fuyons la croix et eux la brandissent14 pour faire du mal. Qui oserait nier que nous remplissions le même office ? puisque, tout bien considéré, nous œuvrons pour la condamnation, et les alguazils pareillement ; nous poussons au vice et au péché partout dans le monde, et les alguazils font de même mais avec plus d’acharnement encore car ils en tirent leur subsistance, tandis que nous autres cherchons seulement à recruter. Et dans cet office, les alguazils sont plus à blâmer que nous, attendu qu’ils font du mal à leurs semblables, à des humains comme eux, contrairement à nous qui sommes des anges, quoique déchus. Par ailleurs, nous sommes devenus démons pour avoir voulu être plus que Dieu, et les alguazils sont alguazils parce qu’ils veulent être moins que tous. En sorte, mon père, que tu te fatigues inutilement en appliquant des reliques sur celui-là, car il n’est pas de saint qui, tombé dans ses griffes, n’y reste pris. Dis-toi que les alguazils et nous appartenons tous au même ordre, à cette différence près qu’ils sont diables chaussés et nous diables récollets, vu que nous menons rude vie en enfer. »