« Et personne jusqu’alors n’avait pu décimer ce
troupeau de fauves, de bêtes dangereuses qui, à n’importe quel moment, auraient
pu nous détruire, sortir des bois, déferler sur les prés et venir nous dévorer.
Et personne jusqu’alors n’avait songé à tuer ces animaux menaçants que,
cependant, nous ne craignions pas, ces curieux animaux que nous aimions. »
mercredi 10 septembre 2014
lundi 8 septembre 2014
716
« Not
easy to state the change you made.
If I’m alive now, then I was dead,
Though, like a stone, unbothered by it,
Staying put according to habit.
You didn’t just tow me an inch, no—
Nor leave me to set my small bald eye
Skyward again, without hope, of course,
Of apprehending blueness, or stars.
If I’m alive now, then I was dead,
Though, like a stone, unbothered by it,
Staying put according to habit.
You didn’t just tow me an inch, no—
Nor leave me to set my small bald eye
Skyward again, without hope, of course,
Of apprehending blueness, or stars.
That
wasn’t it. I slept, say: a snake
Masked among black rocks as a black rock
In the white hiatus of winter—
Like my neighbors, taking no pleasure
In the million perfectly-chisled
Cheeks alighting each moment to melt
My cheeks of basalt. They turned to tears,
Angels weeping over dull natures,
But didn’t convince me. Those tears froze.
Each dead head had a visor of ice.
Masked among black rocks as a black rock
In the white hiatus of winter—
Like my neighbors, taking no pleasure
In the million perfectly-chisled
Cheeks alighting each moment to melt
My cheeks of basalt. They turned to tears,
Angels weeping over dull natures,
But didn’t convince me. Those tears froze.
Each dead head had a visor of ice.
And I
slept on like a bent finger.
The first thing I was was sheer air
And the locked drops rising in dew
Limpid as spirits. Many stones lay
Dense and expressionless round about.
I didn’t know what to make of it.
I shone, mice-scaled, and unfolded
To pour myself out like a fluid
Among bird feet and the stems of plants.
I wasn’t fooled. I knew you at once.
The first thing I was was sheer air
And the locked drops rising in dew
Limpid as spirits. Many stones lay
Dense and expressionless round about.
I didn’t know what to make of it.
I shone, mice-scaled, and unfolded
To pour myself out like a fluid
Among bird feet and the stems of plants.
I wasn’t fooled. I knew you at once.
Tree
and stone glittered, without shadows.
My finger-length grew lucent as glass.
I started to bud like a March twig:
An arm and a leg, and arm, a leg.
From stone to cloud, so I ascended.
Now I resemble a sort of god
Floating through the air in my soul-shift
Pure as a pane of ice. It’s a gift. »
My finger-length grew lucent as glass.
I started to bud like a March twig:
An arm and a leg, and arm, a leg.
From stone to cloud, so I ascended.
Now I resemble a sort of god
Floating through the air in my soul-shift
Pure as a pane of ice. It’s a gift. »
vendredi 5 septembre 2014
715
« La
morte non è
nel non poter comunicare
ma nel non poter più essere compresi.
nel non poter comunicare
ma nel non poter più essere compresi.
de ne pas pouvoir se comprendre
mais de ne plus pouvoir être compris. »
mercredi 3 septembre 2014
714
« Je
voulais que mes doigts de poupée pénètrent dans les touches. Je ne voulais pas
effleurer le clavier comme une araignée. Je voulais m’enfoncer, me clouer, me
fixer, me pétrifier. Je voulais entrer dans le clavier pour entrer à
l’intérieur de la musique pour avoir une patrie. Mais la musique bougeait, se
pressait. Quand un refrain reprenait, alors seulement s’animait en moi l’espoir
que quelque chose comme une gare s’établirait ; je veux dire : un
point de départ ferme et sûr ; un lieu depuis lequel partir, depuis le
lieu, vers le lieu, en union et fusion avec le lieu. Mais le refrain était trop
bref, de sorte que je ne pouvais pas fonder une gare puisque je n’avais qu’un
train un peu sorti des rails, qui se contorsionnait et se distordait. Alors
j’abandonnai la musique et ses trahisons parce que la musique était toujours
plus haut ou plus bas, mais non au centre, dans le lieu de la rencontre et de
la fusion. (Toi qui fus ma seule patrie, où te chercher ? Peut-être dans
ce poème que j’écris peu à peu.) »
lundi 1 septembre 2014
713
« Hier
pourtant, pendant des heures et des heures, j’ai perdu mon mécanisme humain. Si
j’en avais le courage, je continuerais à me laisser égarer. Mais j’ai peur de
ce qui est nouveau, peur de vivre ce que je ne comprends pas - il me faut
toujours la garantie de pouvoir au moins réfléchir à ce que je ne comprends pas
- je ne sais pas m’abandonner si je n’ai plus de repères. Comment expliquer que
ce qui fait ma plus grande peur soit relié précisément à être ? Et
pourtant c’est la seule voie. Comment expliquer que ce soit précisément vivre,
quoi que j’aie à vivre, qui constitue ma plus grande peur ? Comment
expliquer que je ne supporte pas de voir, uniquement parce que la vie n’est pas
telle que je croyais mais tout autre - comme si j’avais su, avant ce qu’elle
était ! Pourquoi est-ce que voir entraîne un tel
bouleversement ? »
vendredi 4 juillet 2014
712
« Elle a un sourire pour sa fille, qui est calme,
épuisée par les dernières semaines de folie où elle s'était mordu le bras
jusqu'au sang, où, à moitié nue, elle s'asseyait sur les genoux d'inconnus, où
elle avait peint sa chambre en noir et tenu tête au psychiatre, le gros Suisse
matérialiste, fait-elle, et elle gonfle ses joues. Ce n'est qu'un répit, pas
une délivrance, mère et médecin le savent. Qu'est-ce qu'il fiche sous la terre,
cet idiot ? avait-elle demandé. Quand est-ce qu'il se décidera à remonter enfin
de là ? Maintenant, elle insiste : raconte l'histoire encore une fois, une
dernière fois. Elle mendie comme une gamine et sa mère répond : que veux-tu que
je te raconte ? Elle songe à l'une de ses premières lettres : par les pouvoirs
apostoliques que m'a conférés sa Sainteté le Pape Pie X, je t'autorise à venir
sans culotte. Elle regarde sa fille, distraite. »
mercredi 2 juillet 2014
711
« Le
souvenir des eaux mortes du lac, des cailloux fracturés du rivage, des neiges
fondues du Mont Fuji-Yama et des fleurs de magnolia séchées m'apaisaient, me
poussaient très sereinement vers ma propre disparition. J'avais vécu là le
temps d'une rotation complète des saisons et ne m'imaginais plus les choses
capables de revenir et de reprendre leur cycle tant elles s'étaient lentement
délitées en moi, conduites par l'impérieuse voracité de la forêt. »
lundi 30 juin 2014
710
« Il se tient à la
fenêtre. Et une voix dit : tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine.
Tout passe. »
vendredi 27 juin 2014
709
« Et un match où les coups sont vraiment portés
n’a jamais empêché d’éprouver sainement ceci : que l’adrénaline fait
autant plaisir que le soleil de tous les jours ou quelques verres métaphoriques
avant de mourir. »
mercredi 25 juin 2014
708
« dans
la première ligne le poète s’imagine un organe sexuel dans la seconde ligne le
poète ne s’imagine pas d’organe sexuel dans la troisième ligne le poète
s’imagine comment le lecteur s’imagine un organe sexuel dans la quatrième ligne
le lecteur s’imagine comment un organe sexuel s’imagine le poète »
lundi 23 juin 2014
707
« Odi te, quia bellus es, Sabelle. / Res est
putida bellus et Sabellus. / Bellum denique malo, quam Sabellum. / Tabescas
utinam, Sabelle belle ! »
vendredi 20 juin 2014
706
« En fait, la tête ne manque pas. Là où elle devrait
être, il y a, rond et dépassant du sol, quelque chose de plat. La chose plate
se trouve dans un creux et elle est toute noire. L’enfant tend l’index et
tapote au milieu, là où se voit un léger reflet argenté. La peur saisit
l’enfant. La chose argentée est à la fois humide et dure au toucher. »
mercredi 18 juin 2014
705
lundi 16 juin 2014
704
« And she
forgot the stars, the moon, the sun,
And she forgot the blue above the trees,
And she forgot the dells where waters run,
And she forgot the chilly automn breeze;
She had no knowledge when the day was done,
And the new morn she saw not : but in peace
Hung over her sweet Basil evermore. »
And she forgot the blue above the trees,
And she forgot the dells where waters run,
And she forgot the chilly automn breeze;
She had no knowledge when the day was done,
And the new morn she saw not : but in peace
Hung over her sweet Basil evermore. »
vendredi 13 juin 2014
703
« Devenir
un vrai poète, c'est devenir Dieu.
J'essayais de mon mieux d'expliquer ces choses à mes amis d'Heaven's Gate.
- Cul baiser foufoune pipi caca cul. Enfoiré !
Ils secouaient la tête en souriant, et finissaient par s'éloigner. Les grands poètes sont rarement compris par leurs contemporains. »
J'essayais de mon mieux d'expliquer ces choses à mes amis d'Heaven's Gate.
- Cul baiser foufoune pipi caca cul. Enfoiré !
Ils secouaient la tête en souriant, et finissaient par s'éloigner. Les grands poètes sont rarement compris par leurs contemporains. »
mercredi 11 juin 2014
702
« Les
rescapés sont tombés le cul par terre ! Tout nus ! Ils étaient combien ?
Peut-être quelques douzaines, dispersés dans les cinq continents. Plus nus que
des vers parce qu'ils ne savaient plus rien faire ! Ils avaient des mains dont
ils ne savaient plus se servir ! »
lundi 9 juin 2014
701
vendredi 6 juin 2014
700
« J'imaginais
parfois la rédemption comme une éjaculation de papillons flottant par milliards
dans un sperme d'or, issus de milliards de crânes humains et peints à la
strychnine, à la suie et au safran. »
mercredi 4 juin 2014
699
« Et il y a
toujours le soma pour calmer votre colère, pour vous réconcilier avec vos
ennemis, pour vous rendre patient et vous aider à supporter les ennuis.
Autrefois, on ne pouvait accomplir ces choses-là qu'en faisant un gros effort
et après des années d'entraînement moral pénible. A présent, on avale deux ou
trois comprimés d'un demi-gramme, et voilà. Tout le monde peut être vertueux, à
présent. »
lundi 2 juin 2014
698
« Regardez-vous,
regardez-vous donc vous-même : une épaule plus haute que l'autre, des jambes
tordues, des pieds tout déformés ! Qu'avez-vous fait, qu'êtes-vous devenus à
tant travailler ? Vous vous êtes abîmés. Nul besoin de tant travailler. »
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