jeudi 15 mars 2012

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« D’abord, il découpait l’enveloppe externe du scrotum et la jetait de côté ; ensuite, il forçait un testicule vers le bas, puis l’autre, fendait la membrane couleur arc-en-ciel qui les entourait, les arrachait et les lançait dans le feu où rougeoyaient les fers à marquer. Étonnamment, il y avait peu de sang. Au bout de quelques instants, les testicules explosaient comme d’énormes grains de pop-corn. Certains hommes, paraît-il, les mangeaient avec un peu de sel et de poivre. « Amourettes », les appelait Phil avec son sourire narquois, et il disait aux jeunes aides du ranch que s’ils s’amusaient avec les filles ils feraient bien d’en manger eux aussi. George, le frère de Phil, qui, lui, se chargeait d’attacher les bêtes, rougissait d’autant plus de ces conseils qu’ils étaient donnés devant les ouvriers. George était un homme trapu, sans humour, très comme il faut, et Phil aimait bien l’agacer. Quel grand plaisir, pour Phil, d’agacer les gens ! Personne ne portait de gants pour des opérations aussi délicates que celle de la castration, mais on en mettait pour presque tous les autres travaux, car il fallait se protéger les mains des frottements de corde qui brûlent la peau, des échardes, des coupures et des ampoules. Tout le monde portait des gants pour prendre le bétail au lasso, poser les piquets de clôture, marquer les bêtes au fer ou leur lancer du foin, et même tout simplement pour monter et faire courir les chevaux ou conduire les troupeaux. Tout le monde, sauf Phil. »